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Raoul ne manque ni de talent ni d’énergie. Plein de projets, prêt à payer de sa personne, il mérite l’argent qu’il gagne. Seulement c’est plus fort que lui : quand il dispose de 1000, Raoul en dépense 1100. Toutes les excuses sont bonnes : déguiser un achat en investissement, fêter une bonne nouvelle, s’octroyer des vacances objectivement méritées. L’argent qu’il a lui brûle les doigts. Mais par-dessus tout l’argent qu’il a dépensé sans l’avoir le hante : les dettes, les crédits, les pénalités de retard, les intérêts cumulés.
Or cet argent a un visage, posé au-dessus d’un torse vêtu d’une éternelle chemise bleu gendarmerie : le visage de Gilles Marzotti. C’est lui qui oblige Raoul à louvoyer, tromper, mentir, même à ses proches, au risque de les perdre. Lui quipoursuit Raoul jusque dans son sommeil, ricane de ses échecs, précipite sa chute, l’empêche de vivre. Gilles Marzotti. Banquier de profession. Qui n’a jamais rêvé d’assassiner son banquier ? Christophe Desmurger a publié chez Fayard Des plumes et du goudron en 2013.
L’assassinat de Gilles Marzotti est son deuxième roman.
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L’ASSASSINAT DE GILLES MARZOTTI de Christophe DESMURGER
“L’assassinat de Gilles Marzotti” est un livre étonnant parce qu’on pourrait le prendre pour un thriller alors qu’il s’agit de tout autre chose. Raoul est écrivain, il vit avec Nicole avec qui il a un petit garçon, Mattéo. Le problème de Raoul tient au fait qu’il dépense plus qu’il ne gagne et à cause de cette situation il doit supporter les conseils un peu condescendant de son banquier, un certain Gilles Marzotti.
A travers la relation entre le banquier et Raoul, l’écrivain propose au lecteur la peinture d’une réalité inhérente à la société de consommation : dettes, crédits, pénalités de retard, intérêts cumulés. Raoul court après les remboursements et les traites impayés, le tout ponctués par ses rendez vous avec Gilles Marzotti. Au fil des pages on découvre que Raoul ne va pas bien, sa situation l’a progressivement affecté et il a sombré dans une forme de dépression. Du coup il n’apprécie plus vraiment les bons moments de son existence, en particulier la parution de son roman. Son banquier plane désormais au dessus de lui comme une malédiction. Tout sa vie semble désormais sous la surveillance étroite de Marzotti.
A aucun moment le terme de dépression n’est évoqué mais le lecteur comprends rapidement que la vie de Raoul a basculé, les rebondissements qui suivront ne manqueront d’ailleurs pas de le surprendre. Mais les faits les plus dramatiques ne sont peut être pas l’essentiel du récit. Au fond Desmurger traite deux traits fondamentaux de la société de ce début de troisième millénaire : l’hyper consommation et la dépression. “L’assassinat de Gilles Marzotti” est une allégorie impitoyable sur un monde où les individus peuvent soudain perdre le contrôle de leur vie. Le rôle du banquier est tout aussi symbolique. De ce point de vue le roman est une véritable réussite. Tableau d’un monde profondément inquiétant le récit est remarquablement construit et après le point final le lecteur continue à s’interroger.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)