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Ce livre propose un regard inédit sur la période de la naissance de la psychiatrie en France, au début du XIXe siècle : c'est alors une science nouvelle qui se développe sous le terme d'aliénisme. Le pan d'histoire qui est raconté ici repose sur le discours porté par les oeuvres d'art commandées par ses fondateurs, notamment Philippe Pinel et Jean-Etienne Dominique Esquirol, les précurseurs. La nouvelle spécialité médicale instaure le traitement moral basé sur la communication entre l'aliéniste et l'aliéné et, cessant de le réduire à un être essentiellement autre, elle reconnaît pour la première fois la subjectivité de celui-ci, toujours présente même dans la maladie.
Les aliénistes travaillent de concert avec les artistes tant pour exprimer leur idéal philanthropique, bienveillant et animé d'un réel espoir de guérison que pour répondre à la nécessité de construire leur légitimation au sein de la science médicale. L'aliéné est un être vulnérable de la société à qui imposer un modèle de raison, d'harmonie et de stabilité. On observe cette volonté dans les oeuvres du corpus étudié ici, soit de manière directe dans la représentation de l'aliéné pour les premiers traités psychiatriques, soit dans les portraits d'aliénistes qui induisent sa présence sous le regard du médecin, ou encore de manière implicite dans l'architecture asilaire qui sollicite sa sensibilité et sa cognition, en s'imposant comme le prolongement du corps de l'aliéniste.
Ainsi, ce sont les débuts de la psychiatrie en cours de professionnalisation et d'institutionnalisation qui se dessinent et prennent espace dans cet ouvrage.