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La négociation du nouvel Accord agricole à l'OMC représente un enjeu considérable, s'agissant de garantir la sécurité alimentaire quantitative et qualitative, et plus largement l'équilibre social et environnemental, de toute la planète. Mais elle se heurte à la mystification théorique entourant les concepts de protection, de prix mondial et de distorsions dans les échanges, toute idée de protection à l'importation étant présentée comme l'horreur absolue à bannir totalement.
Les pays occidentaux doivent éliminer très vite toutes les formes de dumping lié à leurs subventions explicites et implicites aux exportations agroalimentaires afin de garantir le droit des peuples à produire leurs aliments de base, mais le Sud doit reconnaître que ce droit vaut aussi pour le Nord. Puisque tout soutien agricole, interne ou à la frontière, est protectionniste au sens où il confère des avantages de compétitivité aux produits nationaux par rapport à ceux des pays tiers, la protection à l'importation est la forme de soutien la plus solidaire pour les produits agroalimentaires de base dans tous les pays.
Parce que c'est la seule forme de soutien accessible aux pays pauvres, faute de budget pour des soutiens internes. Parce qu'elle est infiniment plus transparente pour les pays tiers que les soutiens internes. Parce que c'est la seule façon d'avoir une politique agricole basée sur les prix du marché — mais du marché intérieur et non du marché mondial — alors que les aides directes font des agriculteurs européens et américains des assistés permanents rentiers de l'Etat.
Au delà de la lutte frontale entre Etats-Unis et Union européenne pour la conquête des marchés agricoles, nos deux compères ont façonné l'Accord agricole de l'oMc en fonction de leurs intérêts et l'ont imposé au monde entier. Pourtant ils camouflent une bonne partie des soutiens internes qu'ils auraient dû notifier à l'oMc. Le livre dénonce aussi les accords de libre-échange négociés entre l'Union européenne et les pays du Sud, les risques de l'élargissement pour les paysans d'Europe orientale et souligne la nécessaire nouvelle réforme de la Politique agricole commune pour une agriculture réellement multifonctionnelle.
Ce qui nécessite une forte mobilisation de la société civile car l'agriculture est une activité trop sérieuse pour continuer à la laisser façonner par les seuls lobbies des syndicats agricoles majoritaires et des firmes agroalimentaires.