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Kevin Staut est le meilleur cavalier de saut d'obstacles français. Si, au début du livre, il est champion d'Europe, numéro un mondial et vice-champion du monde par équipe à trente ans, à la dernière page, il a perdu son titre individuel, mais ravi pour son équipe la médaille d'argent au championnat d'Europe. Il a souffert, également, de même qu'il a vécu des désillusions et des remises en question.
Il s'est battu et a changé. Kevin Staut constitue un modèle pour un grand nombre de cavaliers, professionnels ou amateurs : sa rigueur et sa force de travail incomparables l'ont rapidement propulsé au sommet des podiums, lui qui n'est pourtant pas issu d'une famille de cavaliers. Par ailleurs, le jeune homme est porteur de valeurs : son respect des chevaux et du travail d'autrui, son éthique, son humour, son charisme, son étonnante personnalité en font un personnage fascinant et drôle.
"Je voudrais que l'on comprenne que l'équitation est un sport d'équipe", explique-t-il. Cet ouvrage nous convie à un road movie dans le sillage du cavalier, sur les terrains de concours et dans les écuries, auprès de ses compagnons d'aventure, humains ou équins. On y découvre aussi les coulisses de la compétition : les gens que l'on ne voit pas, les émotions que l'on se cache, les peurs que l'on combat.
On y caresse, des mains et du regard, Kraque Boom et Silvana, les deux chevaux fétiches de Kevin Staut, aussi différents dans leur caractère que fascinants dans leur talent. On y explore, en mots et en images, l'univers d'un champion. Dans cette narration, texte et images se mêlent et se répondent, nous emportant sur les lieux du drame et nous faisant vivre l'action, ressentir les émotions, des coulisses à la scène.
Pour l'auteur, cette démarche est l'aboutissement de vingt ans de travail où elle a oeuvré comme journaliste, réalisatrice de documentaires et scénariste de docu-fiction, auteur... et d'une vie d'amour pour les chevaux.
Agréable surprise et approche originale
C’est le livre qu’on n’avait pas forcément envie de lire à sa sortie : il est arrivé au lendemain de la déroute londonienne. Tant mieux, car le plaisir ainsi différé a sans doute été plus intense. Je me méfie toujours de ces portraits intimistes éventuellement écrits par des journalistes afficionadas forcément complaisantes où l’auteure exprime son bonheur d’être entrée dans le jardin privé de la star. Eh bien le livre de Marie-Noëlle Himbert, ce n’est pas du tout cela même si elle effectivement entrée dans cette bulle stautienne. Et ce n’est surtout pas une biographie. Il y a d’abord un ton, un style et une démarche originaux, décalés. Marie-Noëlle a procédé par touches : quelques rencontres au hasard de la saison 2011. Au départ elle se prend quelques vents qu’elle ne dissimule pas ; puis, au fur et à mesure des pages, elle gagne la confiance du champion. Bien sûr, on finit par rentrer dans l’intimité de Kevin Staut, mais toujours avec pudeur. On craint le faux-pas à chaque page tournée : il n’y en a jamais. Et on apprend un tas de choses sur l’éducation du cheval dans le respect et le souci de son bien-être, sur la sensibilité du garçon. La narration de l’arrachement de Zeta, surtout aujourd’hui, après le récent accident fatal, est particulièrement émouvante. D’autant plus émouvante que c’est Pénélope qui met les mots sur cet épisode douloureux. Autre touche d’originalité : la ponctuation des pages par d’artistiques photographies en noir et blanc complètement intégrées au récit. Bref, ce livre est une surprise agréable en même temps qu’une petite leçon de vie. En plus l’objet, le format Acte Sud, j’adore.