Karma

Un enfant que son père emmène avec lui le dimanche, dans une petite maison d'Auteuil où les tables tournent et où l'on communique avec les esprits. Un professeur qui vous a sauvé du naufrage scolaire, et dont nul ne pouvait prévoir le sort tragique. Un camarade de régiment qui vous demande de permuter avec vous pour une mission aérienne dont il ne reviendra pas. Une semaine à la Trappe, avec un jeune homme qui deviendra l'un des plus grands peintres français contemporains. Un chien qui vous suit un soir, s'attache à vos pas, entre dans votre vie sans vous demander la permission, n'en sortira plus. Deux fillettes, venues de la lointaine Arménie au début du siècle. Leurs parents, pour les protéger, les ont envoyées faire leurs études dans une institution dorée des bords du Léman. Mais le siècle les emporte, comme une tornade, et elles vont le traverser, toujours unies, toujours séparées. L'une terminera sa vie dans le Téhéran des ayatollahs. L'autre au 32e étage d'une tour, à Courbevoie, peignant toujours, poursuivant jusqu'au bout son œuvre d'artiste. Quel fil invisible a relié entre eux ces personnages ? Peut-être ces forces que nous ne connaissons pas, qui gouvernent nos destinées et que certains, par commodité, appellent leur " karma ". Dans ce livre de souvenirs, où les portraits semblent éclairés de l'intérieur, on retrouvera le don majeur de Camille Bourniquel, celui qui a fait du Lac et de Tempo deux des grands romans de notre époque. Le pouvoir de capter, de faire sentir ces ondes secrètes, venues de plus loin que nous, les forces, les signes, les cheminements souterrains, les rencontres, les coïncidences, tous ces " indéchiffrables " de la vie qui font qu'elle est précisément la vie, que la psychologie n'en vient jamais complètement à bout, et qu'elle demeure en fin de compte une énigme. Il y a des réputations surfaites. D'autres écrivains n'ont pas de leur vivant la place qu'ils méritent. Tel est " le cas Bourniquel " selon François Nourissier. Il a raison : cette place est l'une des premières de notre demi-siècle.