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Début des années 80. Dans une Turin dominée par la Fiat, où les Brigades rouges tirent leurs derniers coups de feu, Giovanni Oddone, petit dealeur et demi-maquereau que seuls le football et les grosses voitures passionnent, est arrêté à la suite d'un imbroglio qui lui vaut d'être accusé de terrorisme. Mais, du fond de sa prison, il va se lancer dans une entreprise à la mesure de son hilarante mégalomanie : monter une arnaque grandiose impliquant la Fiat, la Toro – l'autre équipe de foot turinoise – et Kadhafi.
Pour cela, il va utiliser les charmes plastiques de Cosetta, sa petite amie pas vraiment soumise, et les folies cocaïnées d'une héritière fantasque de l'empire Agnelli, mais il lui faudra compter sur de nombreux adversaires : les bureaucrates du foot, une policière amoureuse de Cosetta et surtout la mafia, qui tire les ficelles. Roman d'une époque qui brasse aussi bien l'histoire des luttes sociales que celle de la mondialisation industrielle, la géopolitique de la Méditerranée et la catastrophe du stade Heysel, ce livre est habité d'une allégresse désespérée.
Il nous fait vivre au rythme fou d'un petit délinquant qui se heurte à bien plus gros que lui et dont les rêves consuméristes résument assez bien l'histoire de la fin du siècle. Si on rit souvent, on ne peut s'empêcher aussi d'être ému, à la fin, par cette version défoncée du pot de terre contre le pot de fer.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Les éditions Métailié ont le chic pour dénicher des polars méditerranéens d’une incroyable puissance narrative et d’une grande inventivité. C’est le cas du roman “Kadhafi, le foot et moi” un roman noir italien qui plonge le lecteur au début des années 80 à Turin au moment où les brigades rouges rendent leur dernier souffle . Luca Masali, qui est surtout connu en Italie pour ses ouvrages de SF, met en lumière un personnage haut en couleur, Giovanni Oddone, un peu souteneur et très dealer dont les deux passions sont le football et les voitures. Il faut dire que Turin a le mérite de pouvoir conjuguer les deux puisque la cité du Piémont accueille à la fois le siège de la FIAT - qui soit dit en passant porte le nom de la ville dans son acronyme – et deux équipes de football de première division : La Juventus et le Torino, les meilleurs ennemis du monde sur le plan footballistique.
Giovanni Oddone va rapidement se retrouver dans une sale affaire de terrorisme avec laquelle il n’a pas grand chose à voir mais disons que les circonstances sont tout simplement accablantes. Voilà à quoi peut mener d’avoir à faire à des brigadistes à la petite semaine et à cette époque, en Italie, la Justice ne faisait pas de cadeau à ceux qui étaient, de près ou de loin, impliqué dans une affaire terroriste. Oddone se retrouve incarcéré. Mais le personnage est si mégalomane qu’il va imaginer depuis sa cellule une invraisemblable arnaque impliquant la FIAT, l’équipe de football du Torino et le colonel Kadhafi. L’homme est inventif et quel meilleur alibi que d’opérer depuis une prison… Mais les adversaires ne manquent pas que ce soit la police ou pire, la Mafia.
Luca Masali – remarquablement traduit par Serge Quadruppani - réussit avec “Kadhafi, le foot et moi” un roman picaresque qui hésite entre la farce, la comédie et le roman noir à l’italienne. On prend beaucoup de plaisir, on s’amuse mais on reste prisonnier d’un suspense qui durera jusqu’au dernier chapitre. Une très belle découverte.
Archibald PLOOM