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Une situation de disette extrême peut-elle justifier le cannibalisme ? Sommes-nous propriétaires de nous-mêmes ? Une mère porteuse a-t-elle le droit de garder l'enfant qu'elle a mis au monde ? Quel travail mérite quel salaire ? Si Michael J. Sandel, professeur de philosophie à Harvard, passionne bien au-delà des campus, c'est parce qu'il excelle dans l'art de ramener les questions politiques les plus complexes à des enjeux dont chacun peut aisément se saisir.
En opposant les différentes conceptions de la justice (utilitariste, libérale, communautarienne), il convoque tour à tour Aristote, Hume ou Kant à partir de cas concrets, parfois drôles et toujours imagés. Des dilemmes les plus ordinaires aux grandes questions qui agitent nos sociétés, il s'agit toujours d'interroger les principes d'équité, de citoyenneté, de justice. De remettre, en somme, la morale au coeur du débat.
Un Performeur en Philosophie...
Magistral. L'air de rien, Sandel réhabilite l'idée de vertu chère aux anciens grecs et apporte paradoxalement, en en appelant aux lumières du vieil Aristote un coup de fraîcheur salvateur aux réflexions philosophiques sur la justice. Premier sentiment de l'humain à tonalité philosophique, (le fameux "c'est trop injuste!" des enfants..) la "justice" est aussi un concept éminemment complexe et primordial pour la pensée et l'action. Sandel est époustouflant de simplicité et de luminosité dans cet essai foisonnant qui restitue l'ambiance si vivante de ces cours, magistraux de pertinence et de dynamisme -le contraire de ces cours dits magistraux justement où l'élève psittacise les propos du maître. Transposant la geste socratique de la participation de l'élève à l'édification de son savoir sur la scène moderne, Sandel fait de la philo un art spectaculairement et passionnément participatif, et constructif!