Biographie de Jigoro Kano
Dans les annales des arts martiaux du Japon moderne, aucune figure n'est mieux connue que Jigoro Kano. Né en 1860 dans la préfecture japonaise d'Hyogo, il est l'incarnation même de la révolution spirituelle de l'ère Meiji : puisant dans les racines de sa tradition tout en s'imprégnant des valeurs scientifiques et humanistes de l'Occident, il élabore le premier art martial moderne dont l'objectif n'est plus de combattre victorieusement ni de se combattre soi-même mais d'élever l'homme pour servir l'humanité. C'est ainsi qu'il créa le Kodokan Judo en 1882, une année après avoir obtenu son diplôme de l'université impériale de Tokyo dans différentes spécialités. Il fut un homme complet, à la fois tourné vers le corps et l'esprit. Sa réussite intellectuelle et son souci d'humaniste l'orientèrent vers une carrière professionnelle dédiée à l'éducation. Il fut professeur et principal de Gakushuin, principal de la première école supérieure, puis de l'école normale supérieure de Tokyo. Il se distingua par ses talents de pédagogue et considérait l'éducation comme un objectif politique, social et humain prioritaire. En 1889, en tant que membre du département de la Maison Impériale, il visita l'Europe pour étudier ses différents systèmes éducatifs. Son investissement dans le domaine éducatif et sportif ne se limitait pas aux frontières de son pays d'origine et il devint le premier japonais à rejoindre, en tant que membre, en 1909, le comité olympique international et le premier président de l'association japonaise du sport amateur, fondée en 1911. Il obtint de son vivant toute la considération que son action sociale et son génie visionnaire méritaient en étant élu membre de la chambre des Pairs en 1922. Voyageur incessant et curieux de tout et de tous, il mourut en mer, loin de sa terre natale en 1938, à bord du Hikawa Maru, sur le chemin de retour de la réunion du comité olympique international au Caire. Les grands maîtres du Kodokan : Ces personnages illustres marquèrent l'histoire du judo mondial du fait du rôle majeur qu'ils jouèrent dans l'enseignement et la diffusion du judo. L'intense activité sociale et politique et les fréquents déplacements internationaux du maître lui laissèrent en effet de moins en moins de temps pour enseigner directement son art. Suivant ainsi le principe d'entraide et de prospérité mutuelle, ils ont su s'effacer pour vouer leur talent individuel et parfois même leur génie, à la diffusion du judo dans le plus profond respect des valeurs du Fondateur. Leur contribution majeure à cet ouvrage témoigne de leur engagement profond dans la pratique du judo et confirme, s'il était encore nécessaire, la valeur éducative qu'ils reconnaissent à cet art et qui justifie à leurs yeux qu'on préserve la pureté originelle de son message.