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Les corps d'hommes ou de femmes nus ne se rencontrent
pratiquement jamais dans la vie habituelle — sauf en quelques
situations remarquables liées à l'amour, à la maladie, à la
solitude, à la folie, à la mort, et cette énumération suffit à
donner toute sa force au concept du corps nu. L'image que
chacun de nous a du corps nu — le sien ou celui de l'autre —
est une image ultime, variable, malléable, une création de
l'esprit et du désir, un concept presque abstrait (tellement il est
chargé d'affectivité) propre à chacun de nous.
Bien sûr chacun
choisit — ou ne choisit pas — l'image qu'il souhaite donner de
lui-même et du monde. Pour moi, le corps mis en scène,
théâtralisé par l'espace vide et clos du tableau, est l'image qui
me permet d'exprimer avec violence et de la façon la plus
directe les sentiments et les désirs conscients et inconscients
qui m'habitent et que je ne saurais traduire autrement que par
ces images.
Images que je laisse à d'autres le soin d'interpréter
entre l'érotisme, l'obscène, la pornographie, mais aussi la
tendresse, la pitié et le sacré.