-
Inattendu
-
Passionnant
-
XXe siècle
-
Continent Américain
-
Nicholas Stanley
"Nick possèdait toujours sa belle colère, qui me plaisait tant . Il suffisait de canaliser cette énergie afin de la transformer en énergie créatrice."
Il y a tant d'Amérique dans le roman de Guillaume Staelens. Sa relation avec son premier professeur de lettre Grégory Izersky fait écho avec une autre, celle de Marcus Goldman et Harry Québert son mentor, dans un autre roman américain, La vérité sur l'affaire Harry Québert, écrit cette fois ci, pas par un auteur français au patronyme belge mais par un écrivain, suisse, Joel Dicker. Il m'évoque également ce professeur déchu,
Nathan Zuckerman dans La Tache de Philip Roth. Son road-movie vous rappellera évidement le Sur La Route de Jack Kerouac et son périple en Colombie-Britannique trouvera une divine prolongation dans la lecture de Canada de Richard Ford. C'est la prouesse de l'auteur de ce premier roman pourtant tellement abouti ; il nous plonge dans cette univers délectable, du moins, si vous êtes un tant soit peu américanophile.
Son roman dont la seconde partie n'est plus narrée par Grégory Izerski mais Nicholas Stanley lui même, est écrit comme un carnet de voyage (ou plutôt un carnet de vie), sans aucun véritable dialogue. Guillaume Staelens ne dévie jamais de sa ligne directrice, son écriture demeure de bout en bout précise, soignée toujours à la recherche du bon mot, de la formule adéquat, de la citation appropriée. Inspiré de la vie d'Arthur Rimbaud poète anti-conformiste aux idées libertaires et rejetant la société bourgeoise de son époque Guillaume Staelens transpose la seconde partie de sa vie aventureuse et pérégrinatoire, dans celle de Nicholas Stanley, élève brillant, dessinateur de talent dont il refusera plusieurs fois d'en faire son métier qui choisi une vie sans aucune contrainte faite de découverte des contrées les plus lointaines et subversives et parfois dangereuses de tout le continent américain. En fil rouge, Guillaume Staelens nous sert une vrai chronique sociétale des années 1990 à nos jours par le truchement de l'évolution artistique, musicale (ce livre si vous prenez le temps de l'écouter n'en sera que des plus délectable), économique et sociale.
Les gamins n'achetaient plus de CD, ils pillaient le passé. Le travail de sape se poursuivait avec méthode. Un poème ne valait pas plus cher qu'un SMS, plutôt moins. [...] La fin de la culture n'était qu'une affaire d'années. [...] Le monde pouvait vivre sans poète, une option envisageable. L'Amérique des années 2000 en était le laboratoire, dans ce domaine comme dans tant d'autres. [...] Elle s'étendrait bientôt du berceau jusqu'au tombeau. Un Watergate à l'échelle du genre humain en quelque sorte, et qui n'émouvait personne.
Guillaume Staelens nous prévient : la culture va mourir ; et la liberté est déjà morte, il n'y a plus de place aujourd'hui pour les rêveurs contemplatifs - amoureux du monde dans toute sa magnificence, dans toutes ses imperfections et bouleversements permanents - en quête d'appropriation, sauf à l'image de Nicholas Stanley, à devenir un paria.
Le choix du titre vous apparaîtra peu judicieux, trompeur voire mensonger ? Nicholas Stanley n'est l'auteur d'aucun vers ? Il n'a à peine croqué que quelques dessins, art très vite abandonné dans sa quête ? Non. C'est toute sa vie qui est un poème, une élégie.
AL
http://blowawaydandelion.blogspot.fr/2014/01/itineraire-dun-poete-apache-de.html
Quand Arthur Rimbaud se réincarne en indien de la tribu Nez-percés
"Nick possèdait toujours sa belle colère, qui me plaisait tant . Il suffisait de canaliser cette énergie afin de la transformer en énergie créatrice."
Il y a tant d'Amérique dans le roman de Guillaume Staelens. Sa relation avec son premier professeur de lettre Grégory Izersky fait écho avec une autre, celle de Marcus Goldman et Harry Québert son mentor, dans un autre roman américain, La vérité sur l'affaire Harry Québert, écrit cette fois ci, pas par un auteur français au patronyme belge mais par un écrivain, suisse, Joel Dicker. Il m'évoque également ce professeur déchu, Nathan Zuckerman dans La Tache de Philip Roth. Son road-movie vous rappellera évidement le Sur La Route de Jack Kerouac et son périple en Colombie-Britannique trouvera une divine prolongation dans la lecture de Canada de Richard Ford. C'est la prouesse de l'auteur de ce premier roman pourtant tellement abouti ; il nous plonge dans cette univers délectable, du moins, si vous êtes un tant soit peu américanophile.
Son roman dont la seconde partie n'est plus narrée par Grégory Izerski mais Nicholas Stanley lui même, est écrit comme un carnet de voyage (ou plutôt un carnet de vie), sans aucun véritable dialogue. Guillaume Staelens ne dévie jamais de sa ligne directrice, son écriture demeure de bout en bout précise, soignée toujours à la recherche du bon mot, de la formule adéquat, de la citation appropriée. Inspiré de la vie d'Arthur Rimbaud poète anti-conformiste aux idées libertaires et rejetant la société bourgeoise de son époque Guillaume Staelens transpose la seconde partie de sa vie aventureuse et pérégrinatoire, dans celle de Nicholas Stanley, élève brillant, dessinateur de talent dont il refusera plusieurs fois d'en faire son métier qui choisi une vie sans aucune contrainte faite de découverte des contrées les plus lointaines et subversives et parfois dangereuses de tout le continent américain. En fil rouge, Guillaume Staelens nous sert une vrai chronique sociétale des années 1990 à nos jours par le truchement de l'évolution artistique, musicale (ce livre si vous prenez le temps de l'écouter n'en sera que des plus délectable), économique et sociale.
Les gamins n'achetaient plus de CD, ils pillaient le passé. Le travail de sape se poursuivait avec méthode. Un poème ne valait pas plus cher qu'un SMS, plutôt moins. [...] La fin de la culture n'était qu'une affaire d'années. [...] Le monde pouvait vivre sans poète, une option envisageable. L'Amérique des années 2000 en était le laboratoire, dans ce domaine comme dans tant d'autres. [...] Elle s'étendrait bientôt du berceau jusqu'au tombeau. Un Watergate à l'échelle du genre humain en quelque sorte, et qui n'émouvait personne.
Guillaume Staelens nous prévient : la culture va mourir ; et la liberté est déjà morte, il n'y a plus de place aujourd'hui pour les rêveurs contemplatifs - amoureux du monde dans toute sa magnificence, dans toutes ses imperfections et bouleversements permanents - en quête d'appropriation, sauf à l'image de Nicholas Stanley, à devenir un paria.
Le choix du titre vous apparaîtra peu judicieux, trompeur voire mensonger ? Nicholas Stanley n'est l'auteur d'aucun vers ? Il n'a à peine croqué que quelques dessins, art très vite abandonné dans sa quête ? Non. C'est toute sa vie qui est un poème, une élégie.
AL
http://blowawaydandelion.blogspot.fr/2014/01/itineraire-dun-poete-apache-de.html