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Une des spécificités de l’époque contemporaine réside dans le fait que le récit d’histoire est partout : dans le roman, dans l’essai historique, dans tous types de productions visuelles. On assiste en effet depuis quelques années, en France et ailleurs, à la multiplication des formes de représentation des faits passés, anciens ou récents. Or le phénomène, qui remporte un succès certain auprès du public, est trop souvent envisagé par la critique du point de vue du clivage entre histoire et fiction.
On se demande, sur le mode polémique parfois, si le caractère narratif de l’histoire peut nuire à sa scientificité et si la littérature peut prétendre dire quelque chose du passé. La notion d’« imagination », entendue au sens de «faculté créatrice», permet au contraire de ressaisir ce que ces récits ont en partage. En posant la question de la fabrique du fait historique, il s'agit de comprendre ce qui sous-tend le débat actuel des romanciers, des historiens et des critiques, tout en restant son informulé : la nature de l’imagination littéraire ou artistique et sa capacité à représenter et à interroger l’histoire ainsi que la place de l’imagination créatrice dans le métier d’historien et les évolutions à l’oeuvre aujourd’hui au sein de l’écriture de l’histoire.
Les réflexions proposées dans ce volume abordent des oeuvres et des sujets historiques divers en prenant pour point de départ la faculté de production d’images et d’imaginaires qui y est en jeu. Trois axes fédèrent la réflexion : l’imagination dans les écritures de l’histoire, la mise en image-s du passé et la fabrique des imaginaires collectifs.