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Un orphelin s'invente des histoires. Il rêve d'un père parti sur
la mer qui reviendrait le chercher, lui, l'enfant élevé à la dure
dans les montagnes du Kirghizstan. Il rêve avec une paire de
jumelles et contemple, très loin sur le lac, un navire blanc à la
majestueuse lenteur. C'est un repère et un espoir, une sorte de
légende comme il en circule tant entre les vallées et les cols
peuplés de chevaux, de loups et de mârals.
L'enfant patiente,
regarde voler les aigles et évoluer les hommes. Il apprend. Un
jour viendra.
Un printemps en fleurs
"Pour les plantes, […] il y avait les « chéries », les « courageuses », les « froussardes », les « méchantes », bien d’autres encore. […]
les liserons des champs étaient les fleurs les plus intelligentes et les plus gaies […] dès qu’un rayon vient les réchauffer, ils ouvrent les yeux et ils rient. […] Si tu restes près d’eux sans bouger et sans faire de bruit, il te semble qu’en s’éveillant, ils se chuchotent des histoires. […]
Les chiraldjin, c’est haut, ça n’a pas de fleurs, mais ça sent bon, ça pousse en bouquets […] Les chiraldjin sont des amis fidèles. Surtout si on a de la peine et envie de pleurer sans que personne vous voie, c’est là qu’on se cache le mieux. Ils sentent comme la lisière des forêts de sapin. On y est au chaud et au calme. Et le principal, c’est qu’ils ne masquent pas le ciel."
Tchinguiz Aïtmatov – Il fut un blanc navire