IDP 37

Le livre débute avec deux intrigues simultanées. En recherche d’emploi, Paul postule pour un poste de dessinateur dans une revue avec une grande liberté d’expression ; l’affaire n’est pas gagné d’avance. En parallèle, il discute dans une soirée costumée avec une femme déguisée en « double face ». La disparition de « Double face » au cours de la soirée est énigmatique et Paul ne veut pas en rester là. L’histoire se passe dans société légèrement futuriste, axée sur la productivité et le bien commun. Ce futur qui est ici décrit est captivant car il apparaît tout à fait possible. II découvre les moyens de contrôle de cette société qu’il combat.

Depuis “1984” d’Orwell la question de la surveillance des citoyens reste un sujet de prospective intellectuelle qui passionne les écrivains. “IDP 37” de Mathieu Neu se présente comme une nouvelle proposition romanesque sur cette thématique. Le titre est déjà une énigme en soi et le récit commence sur un mode assez festif mais en vérité la fête ne va pas durer très longtemps pour Paul, le personnage principal d’”IDP 37” . Paul est dessinateur de presse et chacun sait que c’est une profession où l’irrévérence est tenue pour une qualité professionnelle. Le roman débute par une soirée masquée où Paul est invité. Il va faire la rencontre d’une jeune femme qui ne dévoilera jamais son visage mais se montrera d’une curiosité insatiable à son sujet. A la fin de la soirée elle disparaît sans même laisser un numéro de téléphone. Paul va tenter de la retrouver et son enquête va dévoiler des secrets sur la société dans laquelle il vit et ces derniers sont très inquiétants. Petit à petit il va découvrir que son environnement ne correspond pas exactement à ce qu’il pensait. C’est le moment où le roman commence à glisser vers la dystopie. Paul s’aperçoit que le gouvernement a développé une véritable surveillance de masse. L’administration a créé un indice de personnalité – le fameux IDP - et plus ce dernier est faible plus le citoyen est considéré comme un rebelle à surveiller de très près. L’IDP de Paul et de 37 ce qui équivaut à un score plancher. Du coup il se sait observé en permanence. Mathieu Neu renouvelle avec beaucoup de talent le genre dystopique sur les sociétés de surveillance de masse. Evidemment le roman propose plus qu’un récit bien ficelé sur un sujet vieux comme les institutions politiques. Neu engage aussi une réflexion sur certaines dérives dont peuvent être victimes les démocraties. En plein état d’urgence ”IDP 37” constitue une excellente piqûre de rappel sur une question qui restera toujours d’actualité. Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)