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Des oeuvres se créent aujourd'hui qui ne ressemblent à rien de
ce que nous connaissions auparavant. Elles ne procèdent
d'aucun programme esthétique établi. Elles ont pris leur envol
avec une soudaineté inimaginable et se sont affirmées avec
beaucoup de singularité. Elles inventent leurs propres règles
dans une indépendance et parfois même une solitude qui n'a
d'égales que leur originalité et leur liberté, chèrement acquise
le plus souvent, au prix d'errances, de souffrances et de quêtes
individuelles à travers le monde, ce monde qui les a pris par
surprise et a fait peser sur eux le poids de ses chambardements
contemporains.
Halim Al Karim est l'un des acteurs de cette
génération d'artistes arabes que les événements récents sur la
scène internationale ont contraint à effectuer ce grand écart
planétaire, géographique et culturel. Farouchement, il a mis en
oeuvre avec opiniâtreté les codes et les moyens de sa propre
recherche artistique. Sans urgence, il a tout assumé, au plus
près des déserts en quelque sorte, ceux de l'âme et ceux,
effectifs, d'une jeunesse immergée dans la guerre.
Cette
déréliction ne l'a plus quitté. Entre les Etats-Unis, Dubaï et la
Hollande (pays entre lesquels il vit aujourd'hui), à travers le
monde, et enfin en Irak, bien sûr (son pays d'origine), Halim
Al Karim s'est nourri, et s'est même enrichi, d'expériences
diverses, parfois même douloureuses, qu'un isolement intime,
irréversible, connecte désormais à des formes d'art qui
s'expriment entre le secret et la quête d'une vérité indicible.
A
force de se placer en résonance avec le monde, ses oeuvres ont
accédé au sens en inventant des formes, des gestes, des codes,
des symboles qui lui ont permis d'exprimer ses obsessions et
de rendre compte de ses propres problématiques de manière
inédite. Nadine Descendre, l'auteur de ce livre, s'est attachée à
repasser dans les pas d'un tel artiste. Elle emprunte d'abord à la
vie de l'homme pour mieux rejoindre ensuite ses méthodes de
travail, les règles et les techniques qu'il s'est imposées, pour
mieux faire parler ses oeuvres et permettre au lecteur de les
regarder par-delà leur invisibilité première.