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«Depuis trois siècles qu'elle se ruine, cette ville a gardé sa tradition, elle s'effondrera avant que de se démentir. Au temps du Greco, elle était bien cette même ville que je vois, ce même fleuve qui s'écoule devant mes yeux ; elle demeure toujours la cité bâtie sur un roc de granit, âprement cernée par le ravin profond du Tage. Au milieu d'un pays immobile, elle forme aujourd'hui encore une énorme grappe, une ascension composite d'églises, de couvents, de maisons gothiqes, de couloirs arabes haussés et rétrécis.
Et ses pierres continuent de dire les mêmes choses qu'avaient entendues Greco et qu'il fortifie du discours abondant de ses tableaux dans les chappelles délabrées. Les raisons de Tolède ! c'est un superbe dialogue entre la culture chrétienne et l'arabe, qui s'assaillent et puis se confondent.» Maurice Barrès (1862-1923) a anticipé l'avènement du rock'n roll en cassant la mélancolie un peu étale des harmonies romantiques.
Sa plume est un augure ; elle annonce Aragon ou Breton autant que Montherlant. Anar baroque converti au patriotisme, Barrès se réclamait de l'égotisme cher à Stendhal et se complaisait aux émotions métisses. À preuve, cet éloge de Tolède, la ville la plus arabe de la chrétienté ibérique, et la plus juive aussi.