Une pure merveille !
Un roman d'une grande beauté, drôle, fin, extrêmement lumineux sur des sujets difficiles : la perte de
l'être aimé, la dureté de la vie et la tristesse qu'on barricade parfois... Elise franco-japonaise,
orpheline de sa maman veut poser LA question à son père et elle en trouvera le courage au fil des pages,
grâce au retour de sa grand-mère du japon, de sa rencontre avec son extravagante amie Stella..
Ensemble il ne diront plus Sayonara mais Mata Ne !
La critique s'est souvent intéressée en priorité à l'excès qui caractérise la prose de Dickens, dans Great Expectations en particulier. Elle a mis...
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Résumé
La critique s'est souvent intéressée en priorité à l'excès qui caractérise la prose de Dickens, dans Great Expectations en particulier. Elle a mis l'accent sur la surabondance de détails descriptifs qui sont parfois inutiles et rebondants, elle s'est intéressée à la multitude d'objets qui encombre la diégèse. Ce livre développe l'idée que derrière le plein se cache le vide, et que c'est le vide le plus important. C'est lui qui est au centre, c'est à partir de lui que s'organise la fiction, façonnée par le romancier de la même façon qu'un potier donne forme au vide. Le premier chapitre de Great Expectations fait s'ouvrir la tombe des parents de Pip : de cette béance surgit une figure paternelle terrifiante, un homme dont il faut satisfaire les exigences. Une " inquiétante vacuité " se fait jour. C'est autour de ce " cœur de ténèbres " que se construit le récit, enveloppe lumineuse dont s'auréole un noyau opaque, impénétrable.
La paternité tient ici une place cruciale, dans une perspective qui utilise certains concepts lacaniens. Pip s'est auto-nommé, il rêve de s'engendrer lui-même. Cela met en péril le Nom du Père, et rend la paternité problématique. Se faire le faussaire de sa propre histoire en niant la dette aux pères et en occupant la place de l'origine, telle est l'imposture de Pip. Tel est le fantasme qui travaille le texte, qui lui fait prendre forme et consistance. En s'interrogeant sur la paternité, on trouve des clés qui permettent de répondre à certaines questions : pourquoi le monde de Pip bascule-t-il avec le clocher au chapitre premier ? Que signifie la métaphore de la main, celle qui frappe et qui mutile, la main des faussaires, la main de " Handel ", la main qui fait signe de mort ou signe d'amour, la main qui écrit ? Car le choix de Pip touche à la fonction paternelle : il lui faut accepter de remettre son père à sa place, ou opter pour le monde matriciel de Satis House. Il n'y a rien de pire qu'un monde sans père. Il faut choisir : le père, ou le pire.