Biographie de Guy Goffette
Guy Goffette est né en 1947 à Jamoigne en Lorraine belge. Enfance buissonnière dans les collines, suivie de longues années d'internat dans des institutions religieuses, qui avivent son goût de la liberté. En 1969, il se marie, fonde une famille, bâtit sa maison et entre dans l'enseignement qui le retiendra longtemps (Eloge pour une cuisine de province). Avec quelques amis, comme lui brasseurs de nuages, il crée en 1980 une revue de poésie, Triangle, qui comprendra douze numéros, et, trois ans plus tard, les cahiers de L'Apprentypographe, qu'il compose et imprime à la main.
Cette double aventure s'arrête en 1987 pour faire place aux voyages : Yougoslavie, Roumanie, Québec, entre autres qui nourriront peu à peu l'oeuvre en cours, tandis que cèdent les premières attaches, révélant un quotidien qui se délite et une mélancolie croissante dont La vie promise (1991) et Le pécheur d'eau (1995) se font l'écho. Un temps libraire, il finit par s'en aller sur les routes avec le vent.
Poète avant toute chose, même lorsqu'il écrit en prose, son écriture est limpide, évidente. Ses poèmes évoquent l'enfance, l'avancée inéluctable du temps, la nostalgie, la difficulté d'aimer, l'immensité des rêves. Guy Goffette a publié une vingtaine de recueils de poèmes, notamment Partance et autres lieux suivi de Nema problema (2000), pour lequel il a obtenu le prix Valéry Larbaud, Un manteau de fortune (2001), ou encore L'adieu aux lisières (2007), ainsi que deux biographies poétiques : sur Verlaine (Verlaine d'ardoise et de pluie en 1996) et Elle, par bonheur et toujours nue, sur le peintre Bonnard.
Il a aussi publié des romans, comme Un été autour du cou, récit sur l'initiation sexuelle d'un jeune homme de la campagne, qui n'est pas sans rappeler l'auteur. Amoureux des femmes, il n'a pas son pareil pour évoquer leur beauté et leur sensualité (Presqu'elles, collection "Blanche", 2009). En 2001, Guy Goffette reçoit le Grand Prix de poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre ; en 2010, le prix Goncourt de la poésie.
Un père
Simon revient dans son village lorrain pour les funérailles de son père. Avant le chagrin, ce sont les souvenirs qui l'assaillent, ceux d'une enfance difficile dans un foyer où les sentiments n'étaient pas exprimés, auprès d'un père qui avait la réprimande facile et le geste leste pour punir ses enfants. Mais Simon est un homme désormais, plus à même de comprendre un homme qui avait des valeurs et aimait ses enfants malgré les reproches et les taloches.
Avec beaucoup de poésie et de tendresse, Guy GOFFETTE évoque une enfance dans une famille ouvrière à la fin des années 50. La mère reste au foyer pendant que le père travaille sur des chantiers. Les loisirs et l'amusement ne sont pas de mise; ce qui prime, ce sont les valeurs de respect et de travail. Pas de place non plus pour les sentiments. Le chef de famille veille à nourrir, couvrir et chauffer sa famille, le reste est accessoire. En contrepartie, il a droit à l'obéissance, au respect et à la gratitude des siens. En cas de manquement, il règle l'affaire avec une bonne paire de claques ou un passage sous les lanières du martinet. Mais Simon, le narrateur de l'histoire, est en constante rébellion contre ce père sévère et autoritaire. Simon rêve de tendresse, d'amour, de câlineries. Le confort physique ne lui suffit pas, il a besoin de sentiments, de mots d'amour. Dès qu'il l'a pu, il a fui ce foyer trop froid pour ne revenir qu'à de rares occasions. L'aîné a "trahi", ses frères et sa soeur sont restés pour s'occuper de parents vieillissants. Simon a fait sa vie loin d'eux et ne peut empêcher la culpabilité de l'étreindre quand son père meurt. Le rendez-vous n'aura donc jamais lieu, ce qui a été tu le sera à jamais. Pourtant, il va explorer ses souvenirs et découvrir des aspects méconnus du caractère paternel. D'ailleurs, de la fratrie, il est le seul à avoir si mal vécu les choses. De leur enfance commune, Simon n'avait gardé que le pire et son éloignement n'a rien arrangé.
Récit du temps passé, d'une époque révolue, Géronimo a mal au dos est une ode à un père mal aimé, mal compris. C'est le long cri d'amour d'un fils qui a attendu la mort du père pour s'affranchir de leurs pudeurs.