Galaxie rose

Pourquoi ce titre, Galaxie rose, quand le livre s'ouvre sur des histoires de morts : Mais jusqu'où irai-je dans cet enfer ? J'habille le silence pâle et funèbre Ton ombre est là qui me suit. La poète dit la mort de l'amie, et le désespoir devant l'irréversible, où l'amante dit son impuissance à agir : Fallait-il être en avance, fallait-il être en retard ? Les mots sonnent creux quand la vie vous blesse et vous trahit. Elle rendait l'âme, s'éparpillait sans bruit. Le visage tout pâle comme un hiver, elle refaisait le chemin à l'envers. Maintenant dans le brouillard cosmique de l'éternité, elle est un rêve coupé en deux. Les questions se pressent avec violence et se répètent, et la poète se prend à désirer la mort. Les étoiles tombent autour de moi. Et pourtant. Et pourtant un visage de femme se dessine dans le vaste ciel mauve, il y aura toi à haute voix que j'enroulerai de mes bras oui, ce sera comme ça et la poète nous emporte dans une histoire dont elle a le secret, le féerique voyage initiatique des deux nouvelles amantes, vers le soleil comme un livre d'étoiles où chaque page serait à réinventer. Françoise Tchartiloglou ici rompt avec " la vision imaginée bien au delà de l'horizon du monde... qui tend à nous éblouir " (P. Jolas). Elle sait dire la souffrance et la perte qui frappent de plein fouet et laissent l'être désemparé, mais l'espérance qui a failli lui échapper, lui est redonnée, et il n'est plus besoin de partir dans le fantastique, comme dans beaucoup de ses recueils antérieurs, sinon pour dire avec pudeur ce qui à nouveau le bonheur : "s'aimer sans réserve, s'émerveiller", et ses limites, "respirez ce jour et ceux d'alentour" comme un arrêt sur image de l'instant de bonheur. C'est inouï... il vous arrivera même d'entendre de la musique".