Evaluer en partenariat. Une question d'égalité
avec 1 CD audio
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- Nombre de pages157
- PrésentationBroché
- FormatGrand Format
- Poids0.245 kg
- Dimensions15,0 cm × 21,7 cm × 0,8 cm
- ISBN978-2-87267-183-0
- EAN9782872671830
- Date de parution01/01/2014
- ÉditeurCerisier
- PréfacierPhilippe Coenegrachts
Résumé
Un jour, un grand CPAS bruxellois m'a contacté pour réfléchir ensemble sur une opération de développement culturel avec les bénéficiaires de l'action du CPAS. J'en ai accepté le principe et lors de la première rencontre, j'ai posé la question de savoir où nous en étions dans les droits sociaux des bénéficiaires. Mon interlocutrice m'a demandé de ne surtout pas mentionner cette question, son Conseil de l'aide sociale étant totalement immature et incapable de comprendre que l'on puisse évoquer les droits sociaux des bénéficiaires de l'action du CPAS, notamment leur droit à la dignité, leur droit à ne pas être examinés comme des malades ou des délinquants, le droit de choisir leur vie, le droit à un emploi convenable.
Nous étions prêts à faire une action culturelle avec des gens que l'on prive de droits sociaux. Intéressant... Les droits culturels à la place des droits sociaux. C'est cela que j'appelle le "mirage-paravent", ce risque qui consiste à dire "faisons de la participation démocratique citoyenne" avec des populations mais dans une séquence d'actions-projets à l'intérieur d'institutions. Or la caractéristique de tous ces partenaires est justement d'être des institutions, c'est-à-dire d'être prudemment à l'écart de la question démocratique ou en tout cas d'être des lieux par rapport auxquels la question démocratique est "résolue" par le droit public général.
[...] Lorsque je dis "mirage de l'action paravent", j'ai évidemment un soupçon "fonctionnel". [...] Heureusement, il n'y a pas que le fonctionnel dans la vie, il reste la puissance symbolique. Ce que l'on peut espérer - et il serait intéressant de l'intégrer dans la dynamique d'évaluation - c'est que cette action ne change pas le monde, parce que ce n'est pas le lieu, mais change la représentation du monde, ce qui est peut-être le lieu d'une action comme "Aux livres, citoyens ! ".
La puissance de l'action n'est alors pas une puissance fonctionnelle mais une puissance symbolique. A supposer que cette hypothèse soit validée par les partenaires, il faudrait aussi la faire explorer, débattre et, s'il échet, confirmer dans un processus d'évaluation émancipatrice pour que les bénéficiaires ne soient pas dans une action symbolique sans le savoir. Là encore, la participation compréhensive au canevas, au schéma, aux choix qui sont faits est capitale.
(Extait de l'Intervention de Luc Corton)
Nous étions prêts à faire une action culturelle avec des gens que l'on prive de droits sociaux. Intéressant... Les droits culturels à la place des droits sociaux. C'est cela que j'appelle le "mirage-paravent", ce risque qui consiste à dire "faisons de la participation démocratique citoyenne" avec des populations mais dans une séquence d'actions-projets à l'intérieur d'institutions. Or la caractéristique de tous ces partenaires est justement d'être des institutions, c'est-à-dire d'être prudemment à l'écart de la question démocratique ou en tout cas d'être des lieux par rapport auxquels la question démocratique est "résolue" par le droit public général.
[...] Lorsque je dis "mirage de l'action paravent", j'ai évidemment un soupçon "fonctionnel". [...] Heureusement, il n'y a pas que le fonctionnel dans la vie, il reste la puissance symbolique. Ce que l'on peut espérer - et il serait intéressant de l'intégrer dans la dynamique d'évaluation - c'est que cette action ne change pas le monde, parce que ce n'est pas le lieu, mais change la représentation du monde, ce qui est peut-être le lieu d'une action comme "Aux livres, citoyens ! ".
La puissance de l'action n'est alors pas une puissance fonctionnelle mais une puissance symbolique. A supposer que cette hypothèse soit validée par les partenaires, il faudrait aussi la faire explorer, débattre et, s'il échet, confirmer dans un processus d'évaluation émancipatrice pour que les bénéficiaires ne soient pas dans une action symbolique sans le savoir. Là encore, la participation compréhensive au canevas, au schéma, aux choix qui sont faits est capitale.
(Extait de l'Intervention de Luc Corton)
Un jour, un grand CPAS bruxellois m'a contacté pour réfléchir ensemble sur une opération de développement culturel avec les bénéficiaires de l'action du CPAS. J'en ai accepté le principe et lors de la première rencontre, j'ai posé la question de savoir où nous en étions dans les droits sociaux des bénéficiaires. Mon interlocutrice m'a demandé de ne surtout pas mentionner cette question, son Conseil de l'aide sociale étant totalement immature et incapable de comprendre que l'on puisse évoquer les droits sociaux des bénéficiaires de l'action du CPAS, notamment leur droit à la dignité, leur droit à ne pas être examinés comme des malades ou des délinquants, le droit de choisir leur vie, le droit à un emploi convenable.
Nous étions prêts à faire une action culturelle avec des gens que l'on prive de droits sociaux. Intéressant... Les droits culturels à la place des droits sociaux. C'est cela que j'appelle le "mirage-paravent", ce risque qui consiste à dire "faisons de la participation démocratique citoyenne" avec des populations mais dans une séquence d'actions-projets à l'intérieur d'institutions. Or la caractéristique de tous ces partenaires est justement d'être des institutions, c'est-à-dire d'être prudemment à l'écart de la question démocratique ou en tout cas d'être des lieux par rapport auxquels la question démocratique est "résolue" par le droit public général.
[...] Lorsque je dis "mirage de l'action paravent", j'ai évidemment un soupçon "fonctionnel". [...] Heureusement, il n'y a pas que le fonctionnel dans la vie, il reste la puissance symbolique. Ce que l'on peut espérer - et il serait intéressant de l'intégrer dans la dynamique d'évaluation - c'est que cette action ne change pas le monde, parce que ce n'est pas le lieu, mais change la représentation du monde, ce qui est peut-être le lieu d'une action comme "Aux livres, citoyens ! ".
La puissance de l'action n'est alors pas une puissance fonctionnelle mais une puissance symbolique. A supposer que cette hypothèse soit validée par les partenaires, il faudrait aussi la faire explorer, débattre et, s'il échet, confirmer dans un processus d'évaluation émancipatrice pour que les bénéficiaires ne soient pas dans une action symbolique sans le savoir. Là encore, la participation compréhensive au canevas, au schéma, aux choix qui sont faits est capitale.
(Extait de l'Intervention de Luc Corton)
Nous étions prêts à faire une action culturelle avec des gens que l'on prive de droits sociaux. Intéressant... Les droits culturels à la place des droits sociaux. C'est cela que j'appelle le "mirage-paravent", ce risque qui consiste à dire "faisons de la participation démocratique citoyenne" avec des populations mais dans une séquence d'actions-projets à l'intérieur d'institutions. Or la caractéristique de tous ces partenaires est justement d'être des institutions, c'est-à-dire d'être prudemment à l'écart de la question démocratique ou en tout cas d'être des lieux par rapport auxquels la question démocratique est "résolue" par le droit public général.
[...] Lorsque je dis "mirage de l'action paravent", j'ai évidemment un soupçon "fonctionnel". [...] Heureusement, il n'y a pas que le fonctionnel dans la vie, il reste la puissance symbolique. Ce que l'on peut espérer - et il serait intéressant de l'intégrer dans la dynamique d'évaluation - c'est que cette action ne change pas le monde, parce que ce n'est pas le lieu, mais change la représentation du monde, ce qui est peut-être le lieu d'une action comme "Aux livres, citoyens ! ".
La puissance de l'action n'est alors pas une puissance fonctionnelle mais une puissance symbolique. A supposer que cette hypothèse soit validée par les partenaires, il faudrait aussi la faire explorer, débattre et, s'il échet, confirmer dans un processus d'évaluation émancipatrice pour que les bénéficiaires ne soient pas dans une action symbolique sans le savoir. Là encore, la participation compréhensive au canevas, au schéma, aux choix qui sont faits est capitale.
(Extait de l'Intervention de Luc Corton)