Lucrèce compte parmi ces rares auteurs antiques dont la postérité a été non seulement assurée, mais prophétisée dès l'Antiquité, comme en témoignent Ovide et Vitruve. Son oeuvre, loin d'être figée dans une autorité purement doctrinale, a traversé les siècles en tant que vivier inépuisable de questionnements et de ressources pour les penseurs de toutes époques. Cette résonance durable témoigne de la capacité du De rerum natura à être sans cesse relu, critiqué, réapproprié : chaque génération semble y découvrir des éclats inédits, des linéaments encore féconds, une matière toujours vive.
Dans cette perspective, la philosophie contemporaine elle-même, notamment à travers les courants néo-matérialistes (à l'instar de Jane Bennett), continue d'assigner à Lucrèce une place de premier plan, le consacrant comme l'un des précurseurs d'une pensée de la matière dynamique, non dualiste, et profondément relationnelle. Cette plasticité interprétative s'explique sans doute par l'ampleur même du geste lucrétien : un projet à la fois poétique et philosophique, qui embrasse l'univers dans sa totalité — de l'infiniment petit à l'infiniment grand, de l'invisible à l'humain, de la perception individuelle aux structures cosmiques.
Cette ambition systémique est elle-même le fruit de la confiance que Lucrèce place dans la pensée d'Epicure, dont il s'efforce de transmettre la rigueur rationnelle autant que la portée libératrice. En cela, De rerum natura constitue un acte de foi dans la capacité de la raison à pénétrer les secrets du monde naturel. L'objectif de ce numéro est d'interroger la densité spéculative du chant IV, d'en faire surgir les tensions, les noeuds, les bifurcations, pour mieux comprendre comment cette complexité participe de l'ambition théorique de Lucrèce, et explique peut-être pourquoi son oeuvre continue aujourd'hui encore d'irriguer la pensée contemporaine.
Lucrèce compte parmi ces rares auteurs antiques dont la postérité a été non seulement assurée, mais prophétisée dès l'Antiquité, comme en témoignent Ovide et Vitruve. Son oeuvre, loin d'être figée dans une autorité purement doctrinale, a traversé les siècles en tant que vivier inépuisable de questionnements et de ressources pour les penseurs de toutes époques. Cette résonance durable témoigne de la capacité du De rerum natura à être sans cesse relu, critiqué, réapproprié : chaque génération semble y découvrir des éclats inédits, des linéaments encore féconds, une matière toujours vive.
Dans cette perspective, la philosophie contemporaine elle-même, notamment à travers les courants néo-matérialistes (à l'instar de Jane Bennett), continue d'assigner à Lucrèce une place de premier plan, le consacrant comme l'un des précurseurs d'une pensée de la matière dynamique, non dualiste, et profondément relationnelle. Cette plasticité interprétative s'explique sans doute par l'ampleur même du geste lucrétien : un projet à la fois poétique et philosophique, qui embrasse l'univers dans sa totalité — de l'infiniment petit à l'infiniment grand, de l'invisible à l'humain, de la perception individuelle aux structures cosmiques.
Cette ambition systémique est elle-même le fruit de la confiance que Lucrèce place dans la pensée d'Epicure, dont il s'efforce de transmettre la rigueur rationnelle autant que la portée libératrice. En cela, De rerum natura constitue un acte de foi dans la capacité de la raison à pénétrer les secrets du monde naturel. L'objectif de ce numéro est d'interroger la densité spéculative du chant IV, d'en faire surgir les tensions, les noeuds, les bifurcations, pour mieux comprendre comment cette complexité participe de l'ambition théorique de Lucrèce, et explique peut-être pourquoi son oeuvre continue aujourd'hui encore d'irriguer la pensée contemporaine.