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Dans l'Afrique actuelle, on démocratise à la hâte, sans tenir compte du contexte dans lequel le processus doit s'enraciner. On exalte le "citoyen abstrait", mais le contexte est encore celui de "l'homme tribal". L'anti-tribalisme démagogique a longtemps servi les régimes totalitaires, mais dans les faits, l'appartenance à l'ethnie du chef, portée aux nues comme titre de supériorité, autorisait partout un pouvoir dominateur devenu très vite dictatorial.
L'identité tribale n'est ni une maladie honteuse, ni une tare préhistorique dont l'antidote serait la démocratie ! Elle n'est en soi ni négative, ni positive : elle est NEUTRE, mais... elle n'est pas NULLE ! Aussi, la démocratie libérale fondée sur le principe individualiste - une personne = une voix - court à l'échec si elle ignore une juste représentation des groupes ethniques dans l'Etat post-tribaliste.
Le concept de citoyen relève d'ailleurs d'un territorialisme étroit, qui oublie la contribution réelle ou potentielle des Africains de la Diaspora, dans le cadre de sociétés à refonder. La démocratie "importée" est aussi incapable de réhabiliter la mémoire des peuples : le principe matriarcal, par exemple, si répandu dans l'Afrique ancienne et qui fait partie de cette mémoire. La démocratie doit "se fondre dans la couleur locale" parce qu'elle doit servir les humains et non le contraire.
