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Une famille. Au départ, tout était là, le désir, la chambre, les biberons et les couches. Un hasard génétique a mis sur leur chemin un invité-surprise, une singularité qui fait que leur fille Lou présente «des troubles sévères du langage et quelques difficultés associées». Belle facétie pour ces deux parents spécialistes de la parole et de l'écrit. L'histoire peut commencer. On y trouvera ce qu'il faut d'efficacité et d'errances hospitalières, d'usines à gaz et de belles solidarités, d'anges gardiens et de crétins patentés, une soeur aux petits soins et beaucoup d'amitiés, la langue des signes et le sens du geste, la question de la transmission et celle d'une place à trouver pour chacun.
Le chaos et l'amour. Et il y a Lou et ses yeux bleus, une héroïne rayonnante qui a révolutionné leur quotidien. C'est à elle qu'une mère et un père s'adressent.
Un pied de nez à la "normalité"
J'aurais aimé plus de revendications, de colère et pourquoi pas de haine envers un pays qui gère le handicap plus souvent en belles promesses qu'en actes concrets... Mais je peux comprendre qu'un combat comme celui-ci mobilise toute l'énergie d'un couple dont le seul objectif est le bonheur d'un enfant jugé faussement "non adapté". Le style d'écriture est intéressant, mais on peut lui reprocher ponctuellement des tournures de phrase alambiquées, frisant parfois le "surjoué littéraire", en tout cas surement trop alambiquées pour décrire la vie d'une petite fille qui a justement des problèmes de langage. Néanmoins, les auteurs (parents) ne sont pas tombés dans le piège du mélo et si le récit débute par un honnête et crédible "mea-culpa", on ne peut que rendre hommage à cette magnifique déclaration d'amour à la singularité. Un amour "anorme" comme le décrit si bien Pom Bessot, la maman, dont je retiendrai la définition de la normalité : "modèle imposé qui n'est jamais que le reflet d'une majorité" ...