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"Le silence nous porte à la contemplation, à l'écoute de l'inouï. S'il me fascine, c'est que je sais qu'il m'attend quelque part. S'il fait mine d'être muet, peut-être nous écoute-t-il ? Il n'est pas le vide, il est plein de lui-même. Il s'écrit par la ponctuation, il bat entre les mots. Constitutif de la musique, il est audible. Il se donne à voir par le dépouillement en peinture ou par les arrêts entre nos gestes.
Il doit être photographiable ; certains y ont déjà parvenus. Oui, photographier le silence qui ne réclamerait plus les mots qui m'envahissent et me débordent si souvent." Les images rapportées par Patrick Rogner doses incursions aux abords du cercle arctique dans les Orcades, les Féroé, à St-Kilda, en Islande ou en Norvège, mettent en scène le sublime écrasant de paysages déserts et déchaînés, inhabitables, où l'homme, fatalement de passage, vient rechercher un face-à-face avec des forces qui l'excèdent.
Inspiré par le romantisme primitif du Sturm und Drang, le photographe reprend ainsi l'ambition de Caspar David Friedrich : celle d'une peinture de paysage capable - si tempétueuse, heurtée et accablante qu'elle soit - de susciter la même contemplation que les images sacrées.