Eden Tome 17 - Tankobon

Ma mère est morte il y a quelques semaines, et je suis retourné dans ma région natale pour ses funérailles. Disposant d'un peu de temps avant la veillée funèbre, je suis sorti en ville en grande tenue de deuil. Je me suis aperçu que j'avais machinalement refait le chemin menant à mon école primaire. À chaque fois que je reviens sur les lieux, je réalise à quel point la physionomie de la campagne change rapidement. Peut être même plus que les villes, Tokyo y compris ! Résultat : des blocs modernes affublés de stores jaillissent où autrefois étaient bâties des maisonnettes où il faisait bon vivre. Il fallait bien se douter que mon école avait été entièrement reconstruite dans un style moderne ! Ah ça... quel dommage... En poursuivant mon chemin, je me suis souvenu du terrain de base ball, à deux blocs de là. Eh oui, je n'en ai pas l'air [ou peut être que si ? mais à l'époque, je jouais au base ball ! Dire que je parcourais ce chemin chargé de tout mon équipement... En regardant bien, il n'y avait plus non plus la moindre trace des rizières qui longeaient la route. Plus que des immeubles et des résidences. Fallait il en conclure que le terrain avait disparu, ou que je l'avais dépassé sans le voir ? C'est alors que je l'ai aperçu. Le terrain de sport. C'était donc le jardin Numata Kinrin ? Je ne le savais pas. Rien n'avait changé. Le même filet jauni d'il y a 20 ans, les mêmes bancs poussiéreux. La même fontaine à eau, le même sol ocre jonché de feuilles de ginkgo biloba. Identique. Je mis à rire sans raison. Encore heureux qu'il n'y ait eu personne pour me voir ! Vous imaginer le malaise des habitants du coin en apercevant un homme en deuil ricanant sur un terrain ! C'était donc si éloigné ? Incroyable. Dire que dans mon enfance, je me coltinais cette distance sur mes petites jambes ! Ça m'a fait réviser mon opinion sur moi même à l'époque. J'ai rebroussé chemin d'un pas lourd tout en me disant que finalement, les mauvais souvenirs de 20 ans plus tôt pouvaient vous faire mûrir, et cela m'a bien soulagé.