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« Comment vivre et penser dans nos sociétés du risque ? Comment conjurer le tragique de l’existence ? Comment, au milieu des décombres, surmonter tristesse, fatalisme et désespoir ? Questions ressassées, immémoriales, que le temps des catastrophes planétaires remet plus que jamais à l’ordre du jour. Chaque mentalité collective a sa façon d’y répondre. Le Japon a la sienne, exemplaire à bien des égards : l’impermanence du monde y est un fait acquis.
L’Occident a d’autres recours, ancrés dans sa tradition judéo-chrétienne et non moins exemplaires. Ils lui permettent de voir le cataclysme comme une promesse de salut. Au-delà des usages pédagogiques et citoyens de la catastrophe, c’est l’approche apocalyptique des calamités, en plein renouveau, dont on voudrait ici, à la lumière des Ecritures, montrer l’extraordinaire efficacité symbolique. En analysant froidement ses procédés et ses rouages, ses coûts et bénéfices.
Un audit sans concessions mais non sans ironie, qui conduit à recommander aux jeunes esprits aspirant à triompher dans la guerre des idées d’apprendre au plus vite un vieux métier plein d’avenir : celui de prophète. Au croisement de l’histoire des religions et du marché de l’emploi, ce réexamen d’une tradition trop oubliée pourra aussi se lire comme une brochure d’orientation professionnelle ». Régis Debray
Apocalypse joyeuse !
Il n'est plus question aujourd'hui de se réjouir, partout autour de nous chaos et malheurs rythment nos jours et accroissent nos angoisses. On est fait comme des rats et l'on souhaite presque parfois que tout implose. Dans l'agenda de nos effrois pas un jour qui ne rappelle nos mauvais augures et nous entraine à répéter en boucle les voix de Cassandre. Mais tout est-il vraiment foutu ? Sans être tout à fait optimiste, il n'y a pas non plus de raisons de l'être, nos nations ménagères aux abois et aux abris devraient tirer profit d'une telle situation car la culture de l'apocalypse est notre culture et dans notre tradition. alors n'hésitons pas à travailler sur cette horreur permanente pour tirer le meilleur possible du pire et nous replonger avec délices aux racines et au coeur de notre civilisation apocalyptique. Comme toujours chez Debray, on oserait dire un divertissment érudit et revigorant pour l'esprit ! Babylone passée, babylones futurs, nous tenons la ligne alors réintégrons notre culture pour faire du chaos un sirop au gout amer certes mais profond. Traité de savoir vivre dans ce temps qui fut le nôtre.