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La morale du bien et du mal est une dimension foncière de toute religion. Elle vise à rectifier les défauts de l'âme, à résoudre ses confusions et contradictions habituelles, à la régénérer en vue de son élévation spirituelle ; les "moeurs" désignent son substrat culturel, ses adaptations sociales et applications juridiques. Les qualités d'âme prolongent en nous l'irradiation de la Vertu du Ciel, qui n'est autre que le Dieu incarné et vivant.
Le sens de notre effort moral, en vue de cette perfection christique, suppose de reconnaître la souveraineté universelle du Bien, avec le désir de gagner le Royaume promis. Nous sollicitons ici l'illustrissime héros de Cervantès qui, bien au-delà du roman picaresque, nous livre une "somme morale", comme on l'entendait dans le royaume d'Espagne au XVIIe siècle, attaché à une Eglise nimbée de l'admirable réforme thérésienne et de Jean de la Croix.
Cette sagesse est exposée au long de l'oeuvre, à travers le corps dialogique de quelque 400 proverbes, sentences et dictons ; moitié par la bouche de l'hidalgo de la Manche, incontesté maître-es-folies, et sans doute plus encore ! par son fidèle et prolixe "écuyer"... Nous montrons la cohésion de l'Ecriture et de l'Imitation, avec ce sens populaire de la situation et de l'à-propos, qui donne les couleurs mêmes de l'âme au théâtre humain.
La "mort-symbole" de Don Quichotte tournera la page d'un monde qui croyait encore simplement à la justice divine et au salut par l'effort vertueux. La "morale spirituelle" serait surannée... Pourtant l'homme d'aujourd'hui n'a pas moins intérêt que celui d'hier à veiller sur son âme, ni à appeler les grâces salvatrices du Ciel !