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Comment dire le sacré ? Comment nommer et transmettre ce qui nous dépasse et dont on ignore la vraie nature ? Le sacré s'inscrit dans cet écart que l'humain, de tout temps et en tout lieu, investit de sentiments et d'émotions opposés. Le sacré induit en effet autant la crainte que l'attrait, autant l'effroi que l'adhésion. Il stimule autant l'aspiration à la plus grande des libertés que la soumission à la pire des sujétions.
Il éclaire la dimension la plus intime de l'être, comme il fédère avec la plus grande force les plus solides groupes humains. Cette " dialectique du sacré " – dont Caillois développe les puissantes contradictions – crée l'ambivalente posture dont mythes, religions, philosophies tentent de surmonter l'aporie. Comment concilier rationnellement, émotionnellement, formellement la conscience de ces contradictions ? L'originalité de ce volume est de rassembler des contributions d'horizons divers, relevant de la philosophie, des études littéraires et de l'histoire de l'art (musique, peinture, architecture), qui toutes questionnent les modes de représentation de la notion de sacré.
Des Pères de l'Eglise aux musiques d'Orient ou d'Occident, du Caravage aux formes plastiques les plus contemporaines réincarnant la sacralité d'oeuvres patrimoniales emblématiques, de l'architecture de la ville aux figures de spiritualité dans la poésie moderne, chaque domaine entre ainsi en dialogue avec l'autre et prouve, s'il le fallait encore, l'universalité et l'intemporalité de la quête ainsi syntonisée par Paul Klee " L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible ".