Cette édition est une imposture. Pourquoi publier en 2019 ce titre, alors qu’il n’est qu’une réimpression de l’édition 2007 avec une nouvelle couverture et un autre label rouge qui dit « 400 000 mots, expressions et traductions » au lieu de « 250 000 traductions, 150 000 mots et expressions » ? Certes, il y était besoin d’un titre entre le Maxi Poche+ (« 230 000 mots, expressions et traductions ») et le Grand Dictionnaire Italien (« 600 000 etc. »), mais on aime beaucoup tricher dans ce domaine. Tenez, Le Robert & Collins Maxi Italien (« 230 000
mots, expressions et traductions ») vient de sortir son édition 2019 qui est identique à celle de 2017, mais avec la photo de la 1re de couverture changée, un autre ISBN et le prix augmenté de 14,99 € à 15,90 €. Comme quoi, on était tous des imbéciles.
Mais qu’est-ce je reproche à ce Compact+ ? Premièrement, la lisibilité est pire que chez la concurrence, en l’occurrence Le Robert. Pas de bichromie, mais plutôt un texte en gras italique au lieu de gras en bleu ; le texte des explications est quasi-microscopique et, bien que je n’éprouve aucune difficulté à les lire, ça donne une mauvaise impression.
Puis, pour un dico de 2260 grammes, on s’attendait à mieux, d’autant plus que la moitié italienne est un peu plus ample que la moitié française (quelque 800 pages contre 700 pages, car le nombre total de pages est 1572, contrairement à ce qu’on trouve sur un nombre de librairies en ligne). Oui, je sais, ce n’est pas le Grand, il ne s’agit pas du Boch (pas même du « il Boch minore »), mais il est nettement pire que le titre paru en 2006 chez Rizzoli (RCS Libri), « il Larousse Francese » (également connu en tant que « il (Nuovo) Sansoni Francese » dans la collection « Sansoni per la scuola »), avec ses « 125.000 lemmi e oltre 340.000 accezioni ». Bon, peut-être que l’on compte différemment de nos jours et que ce Larousse-Sansoni s’est métamorphosé dans le Grand Larousse Italien. De toute façon, le Compact+ semble n’avoir que 50-60 % des traductions et expressions du Sansoni, et parfois les expressions et les proverbes ont des traductions différentes (« qui va à la chasse perd sa place » donne maintenant « chi va a Roma perde la poltrona » au lieu de « chi va via perde perde il posto all’osteria » ; j’aimerais mieux la version plus ancienne du proverbe ; et sachez que les dicos vraiment conçus en Italie abondent en proverbes).
Mais ce qui est pire est que, si lourd qu’il soit (ce n’est pas le Maxi Poche+ !) et si « idéal pour l’étude de l’italien au lycée », il n’aide pas trop à la lecture de la littérature réelle ou de la presse italienne. Voyez-vous, le problème avec l’italien n’est pas l’absence des dictionnaires de l’argot du genre qu’on y trouve en France (crée par les jeunes des cités, car le français se « racaillise » notamment depuis les années 1980). C’est un peu le contraire, car l’italien officiel n’est couramment utilisé par une majorité de la population qu’après 1980. À la différence du français, langue parlée depuis des siècles à la cour des Rois de France, l’italien a souffert du fait que l’Italie unifiée est l’un des plus récents états européens modernes, et l’italien convenu comme langue officielle n’est que le dialecte de Florence, la langue de Dante et Boccaccio. L’italien réel est toujours tributaire aux dialectes et langues locales qui, eux, sont beaucoup plus vifs qu’on ne le croit. Et si personne ne s’attend à comprendre un texte écrit en sicilien (qui est une langue à part, comme le corse), et même pas dans le dialecte napolitain (pour lequel les bons dicos italiens s’efforcent de mentionner quelques mots des plus courants), vu que certains mots ou expressions se rencontrent à tout pas dans les textes en italien, on pourrait faire un petit effort.
Prenons le scandale des déchets qui s’accumulent à Rome cette année. La presse centrale italienne ne parle pas de « spazzatura » ou « immondizia », mais bien de « monnezza », mot qui ne se trouve nulle part dans ce dictionnaire. En ouvrant un Devoto-Oli, on apprend que ce régionalisme romain est emprunté du napolitain et on devrait plutôt dire « mondezza », mais ce mot manque lui aussi (il est présent dans Larousse-Sansoni). Certes, « mondezza » est un peu bizarre, car son sens primaire est celui de propreté ou pureté, et le sens d’ordures et plutôt d’usage régional.
Il y a des milliers et des milliers de mots assez courants en Italie qui ne se trouvent pas dans ce dico. Mais on y trouve « habeas corpus » (traduit par... habeas corpus, car c’est du latin), qui a son intérêt primaire dans l’espace du Common Law, « happy end » et « happy hour », aucun n’étant italien et dont la traduction est identique à l’original. C’est hilare. (Bon, mettons que parfois ça paraît raisonnable : si chez « cuisine » on spécifie que l’Italien dit « nouvelle cuisine » pour « nouvelle cuisine », cela force l’apparition du terme « nouvelle cuisine » dans la partie italienne, à la lettre N.)
Ceci dit, ce dico n’est pas si mal que ça. Pour moi, c’est le minimum syndical pour un dico sérieux, et pour l’italien j’ai quelques repères que je vérifie. Un tel dico doit impérativement contenir « AA. VV. » (autori vari, ouvrage collectif), et les dicos de moindre ampleur ne le font pas (chez Le Robert, c’est à partir du « Maxi Italien » que cela se produise). Puis, je vérifie l’existence des sens « pantera 2 [auto della polizia] » et « gazzella 2 [auto di carabinieri] ». J’apprécie également le soin de trouver des équivalences institutionnelles, tel que GIGN (France) ≈ GIS (Italie).
Pour en revenir aux défauts, j’apprécie beaucoup moins l’asymétrie qui est, hélas, présente dans la plupart des dictionnaires, peu importe la paire de langues. On trouve par exemple (chez « lampe ») « lampe de chevet : lampada de comodino », mais on ne trouve pas (ni chez « lampada », ni chez « comodino ») aucune traduction pour « lampada de comodino ». (Un autre cas : on traduit « veilleuse 1 veilleuse, lampada da comodino », mais on oublie d’ajouter « veilleuse » en italien. J’ajouterais que partout où l’on traduit par « lampada de comodino » on pourrait y mettre ou ajouter « lumino da notte, lume da notte, lampada da notte ».) En tant que passionné des langue et possesseur d’une pléthore de dicos sur papier ou en version logicielle pour Windows ou Android, je m’y connais un peu et je sais que l’asymétrie des deux sens d’un dico est monnaie courante, mais il faut également noter que dans « il Boch » (chez Zanichelli, et également chez eux, « il Ragazzini », avec l’anglais), mais aussi dans la gamme Le Robert & Collins avec l’italien, on observe l’effort fait d’assurer une bonne symétrie des traductions. (En revanche, « il Grande Dizionario Hoepli Inglese di Fernando Picchi » est plutôt riche en asymétries.)
Chose sympa, le premier faux ami mentionné, le français « abat-jour » donne en italien « paralume », mais quand un Italien dit « abat-jour », il veut normalement dire « lampada », c’est-à-dire « lampe ».
Quelque autres faux amis mentionnés dans ce Larousse :
* affollato/a ne veut pas dire affolé(e), mais bondé(e).
* affollare signifie envahir.
* albergo n’est pas un auberge, mais un hôtel.
* anziano/a ne donne pas ancien(ne), mais (personne) âgé(e).
* binocolo signifie jumelles, et non pas binocles (occhiali).
* biscotto n’est pas biscotte, mais biscuit.
* impotente signifie impuissant.
* moroso n’est pas morose, mais en demeure (retardataire).
* roba ne veut pas dire robe, mais affaires, choses, came (drogue).
Le choix est généralement réussi, mais je trouve qu’il manque la mention que « s’accommoder » ne se traduit pas par « accomodarsi », qui signifie s’assoir (on pourrait ajouter : se mettre à son aise, faire comme chez soi), se mettre d’accord (s’arranger), passer (à la caisse, etc.).
Il y en a aussi des notes culturelles et des notes « à propos de… », parfois très pertinentes, comme celle informant que « fidanzato/a » est fréquemment utilisé pas pour fiancé(e), mais pour petit(e) ami(e), copain/copine (ragazzo/a). Ou celle intitulée « Buongiorno dottore ».
Des manques quand même : j’aimerais qu’on insiste sur le fait qu’un impresario italien est normalement un simple entrepreneur ; que le sens originel de fiasco est fiasque (bouteille) ; que bimbo n’est jamais une ravissante idiote en italien ; et que, finalement, le mot basta existe aussi en français en tant qu’interjection !
Ce serait sans doute difficile pour un dico français de mentionner à chaque entrée, à la manière de ceux italiens, les accrescitivi, diminutivi, peggiorativi. On comprend facilement lettino (de letto), carino (de caro), benino (de bene), fiumicello (de fiume), donnetta (de donna), mais un bon dico italien donnerait par ex. pour ragazza : DIM ragazzetta, ragazzina, ragazzaccia, raggazuola, ACCR ragazzona, ragazzota, PEGG ragazzacia. Bon, c’est demander trop et je le sais, mais vu le poids du bouquin…
Tout compte fait, le Compact+ n’est évidemment pas trop mauvais, mais je reste assez déçu. Bon pour l’école, mais pas trop utile pour lire un roman italien contemporain (forse un giallo), on se demande si un ouvrage un peu plus limité ne serait pas au moins beaucoup plus pratique, et je pense au Robert & Collins Maxi Italien : deux tiers du contenu, mais pour moins d’un kilo, une grammaire succincte (succinta en italien, sans le dernier c !) très sympa, et un aspect graphique moderne. Car ce Larousse, avec son choix de la police Minon Pro Bold Italic pour les titres d’entrées, est vraiment un guastafeste. Quant à la couverture, elle n’est pas du tout professionnelle, comme faite par un lycéen dans PowerPoint.
Tenez, pour voir à quel point ce Larousse gaspille l’espace et se gonfle inutilement, prenons l’entrée pour le mot italien (si, si) « JPEG ». Moi, je pensais qu’on n’a pas besoin de traduire ce mot technique anglais, mais non :
JPEG (abbr di Joint Photographic Experts Group) INFORM ▪ adj inv JPEG ● immagine in formato JPEG ou jpeg : image au format JPEG ou jpeg ▪ nm inv JPEG m inv ● un (file) JPEG : un (fichier) JPEG
Ou prenons la verbosité ridicule de certains termes, parfois pas même commençant par une traduction directe (bien que possible) :
abusivismo nm : l’abusivismo è un flagello per le coste italiene : les constructions abusives sont un fléau sur les côtes italiennes / il Parlamento ha varato una legge contro l’abusivismo : le Parlement a approuvé une loi contre les constructions abusives ● abusivismo (edilizio) constructions fpl abusives
Beaucoup plus simple chez la concurrence :
abusivismo sm (anche: abusivismo edilizio) construction f sans permis
On ajoute le fait que cet ouvrage qui porte la mention de dépôt légal « août 2007 » et imprimé en Italie au mois de mai 2019 porte dans l’encart « La scuola » la mention suivante : « En Italie, la scolarité est obligatoire de 6 à 15 ans. D’ici à 2007, elle deviendra obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans. ». Ubuesque. Grottesco (parce qu’ubuesque n’est pas dans ce dico). Mais c’est comme cela chez Larousse. L’édition 1954 du fameux Dictionnaire des difficultés de la langue française d’Adolphe V. Thomas était toujours publiée en 2014 (nouvelle couverture, nouvelle édition), sans le moindre changement du texte original.
Reccomandation d’achat ? Purtroppo no, non proprio.
Pour ma part, assez déçu
Cette édition est une imposture. Pourquoi publier en 2019 ce titre, alors qu’il n’est qu’une réimpression de l’édition 2007 avec une nouvelle couverture et un autre label rouge qui dit « 400 000 mots, expressions et traductions » au lieu de « 250 000 traductions, 150 000 mots et expressions » ? Certes, il y était besoin d’un titre entre le Maxi Poche+ (« 230 000 mots, expressions et traductions ») et le Grand Dictionnaire Italien (« 600 000 etc. »), mais on aime beaucoup tricher dans ce domaine. Tenez, Le Robert & Collins Maxi Italien (« 230 000 mots, expressions et traductions ») vient de sortir son édition 2019 qui est identique à celle de 2017, mais avec la photo de la 1re de couverture changée, un autre ISBN et le prix augmenté de 14,99 € à 15,90 €. Comme quoi, on était tous des imbéciles.
Mais qu’est-ce je reproche à ce Compact+ ? Premièrement, la lisibilité est pire que chez la concurrence, en l’occurrence Le Robert. Pas de bichromie, mais plutôt un texte en gras italique au lieu de gras en bleu ; le texte des explications est quasi-microscopique et, bien que je n’éprouve aucune difficulté à les lire, ça donne une mauvaise impression.
Puis, pour un dico de 2260 grammes, on s’attendait à mieux, d’autant plus que la moitié italienne est un peu plus ample que la moitié française (quelque 800 pages contre 700 pages, car le nombre total de pages est 1572, contrairement à ce qu’on trouve sur un nombre de librairies en ligne). Oui, je sais, ce n’est pas le Grand, il ne s’agit pas du Boch (pas même du « il Boch minore »), mais il est nettement pire que le titre paru en 2006 chez Rizzoli (RCS Libri), « il Larousse Francese » (également connu en tant que « il (Nuovo) Sansoni Francese » dans la collection « Sansoni per la scuola »), avec ses « 125.000 lemmi e oltre 340.000 accezioni ». Bon, peut-être que l’on compte différemment de nos jours et que ce Larousse-Sansoni s’est métamorphosé dans le Grand Larousse Italien. De toute façon, le Compact+ semble n’avoir que 50-60 % des traductions et expressions du Sansoni, et parfois les expressions et les proverbes ont des traductions différentes (« qui va à la chasse perd sa place » donne maintenant « chi va a Roma perde la poltrona » au lieu de « chi va via perde perde il posto all’osteria » ; j’aimerais mieux la version plus ancienne du proverbe ; et sachez que les dicos vraiment conçus en Italie abondent en proverbes).
Mais ce qui est pire est que, si lourd qu’il soit (ce n’est pas le Maxi Poche+ !) et si « idéal pour l’étude de l’italien au lycée », il n’aide pas trop à la lecture de la littérature réelle ou de la presse italienne. Voyez-vous, le problème avec l’italien n’est pas l’absence des dictionnaires de l’argot du genre qu’on y trouve en France (crée par les jeunes des cités, car le français se « racaillise » notamment depuis les années 1980). C’est un peu le contraire, car l’italien officiel n’est couramment utilisé par une majorité de la population qu’après 1980. À la différence du français, langue parlée depuis des siècles à la cour des Rois de France, l’italien a souffert du fait que l’Italie unifiée est l’un des plus récents états européens modernes, et l’italien convenu comme langue officielle n’est que le dialecte de Florence, la langue de Dante et Boccaccio. L’italien réel est toujours tributaire aux dialectes et langues locales qui, eux, sont beaucoup plus vifs qu’on ne le croit. Et si personne ne s’attend à comprendre un texte écrit en sicilien (qui est une langue à part, comme le corse), et même pas dans le dialecte napolitain (pour lequel les bons dicos italiens s’efforcent de mentionner quelques mots des plus courants), vu que certains mots ou expressions se rencontrent à tout pas dans les textes en italien, on pourrait faire un petit effort.
Prenons le scandale des déchets qui s’accumulent à Rome cette année. La presse centrale italienne ne parle pas de « spazzatura » ou « immondizia », mais bien de « monnezza », mot qui ne se trouve nulle part dans ce dictionnaire. En ouvrant un Devoto-Oli, on apprend que ce régionalisme romain est emprunté du napolitain et on devrait plutôt dire « mondezza », mais ce mot manque lui aussi (il est présent dans Larousse-Sansoni). Certes, « mondezza » est un peu bizarre, car son sens primaire est celui de propreté ou pureté, et le sens d’ordures et plutôt d’usage régional.
Il y a des milliers et des milliers de mots assez courants en Italie qui ne se trouvent pas dans ce dico. Mais on y trouve « habeas corpus » (traduit par... habeas corpus, car c’est du latin), qui a son intérêt primaire dans l’espace du Common Law, « happy end » et « happy hour », aucun n’étant italien et dont la traduction est identique à l’original. C’est hilare. (Bon, mettons que parfois ça paraît raisonnable : si chez « cuisine » on spécifie que l’Italien dit « nouvelle cuisine » pour « nouvelle cuisine », cela force l’apparition du terme « nouvelle cuisine » dans la partie italienne, à la lettre N.)
Ceci dit, ce dico n’est pas si mal que ça. Pour moi, c’est le minimum syndical pour un dico sérieux, et pour l’italien j’ai quelques repères que je vérifie. Un tel dico doit impérativement contenir « AA. VV. » (autori vari, ouvrage collectif), et les dicos de moindre ampleur ne le font pas (chez Le Robert, c’est à partir du « Maxi Italien » que cela se produise). Puis, je vérifie l’existence des sens « pantera 2 [auto della polizia] » et « gazzella 2 [auto di carabinieri] ». J’apprécie également le soin de trouver des équivalences institutionnelles, tel que GIGN (France) ≈ GIS (Italie).
Pour en revenir aux défauts, j’apprécie beaucoup moins l’asymétrie qui est, hélas, présente dans la plupart des dictionnaires, peu importe la paire de langues. On trouve par exemple (chez « lampe ») « lampe de chevet : lampada de comodino », mais on ne trouve pas (ni chez « lampada », ni chez « comodino ») aucune traduction pour « lampada de comodino ». (Un autre cas : on traduit « veilleuse 1 veilleuse, lampada da comodino », mais on oublie d’ajouter « veilleuse » en italien. J’ajouterais que partout où l’on traduit par « lampada de comodino » on pourrait y mettre ou ajouter « lumino da notte, lume da notte, lampada da notte ».) En tant que passionné des langue et possesseur d’une pléthore de dicos sur papier ou en version logicielle pour Windows ou Android, je m’y connais un peu et je sais que l’asymétrie des deux sens d’un dico est monnaie courante, mais il faut également noter que dans « il Boch » (chez Zanichelli, et également chez eux, « il Ragazzini », avec l’anglais), mais aussi dans la gamme Le Robert & Collins avec l’italien, on observe l’effort fait d’assurer une bonne symétrie des traductions. (En revanche, « il Grande Dizionario Hoepli Inglese di Fernando Picchi » est plutôt riche en asymétries.)
Chose sympa, le premier faux ami mentionné, le français « abat-jour » donne en italien « paralume », mais quand un Italien dit « abat-jour », il veut normalement dire « lampada », c’est-à-dire « lampe ».
Quelque autres faux amis mentionnés dans ce Larousse :
* affollato/a ne veut pas dire affolé(e), mais bondé(e).
* affollare signifie envahir.
* albergo n’est pas un auberge, mais un hôtel.
* anziano/a ne donne pas ancien(ne), mais (personne) âgé(e).
* binocolo signifie jumelles, et non pas binocles (occhiali).
* biscotto n’est pas biscotte, mais biscuit.
* impotente signifie impuissant.
* moroso n’est pas morose, mais en demeure (retardataire).
* roba ne veut pas dire robe, mais affaires, choses, came (drogue).
Le choix est généralement réussi, mais je trouve qu’il manque la mention que « s’accommoder » ne se traduit pas par « accomodarsi », qui signifie s’assoir (on pourrait ajouter : se mettre à son aise, faire comme chez soi), se mettre d’accord (s’arranger), passer (à la caisse, etc.).
Il y en a aussi des notes culturelles et des notes « à propos de… », parfois très pertinentes, comme celle informant que « fidanzato/a » est fréquemment utilisé pas pour fiancé(e), mais pour petit(e) ami(e), copain/copine (ragazzo/a). Ou celle intitulée « Buongiorno dottore ».
Des manques quand même : j’aimerais qu’on insiste sur le fait qu’un impresario italien est normalement un simple entrepreneur ; que le sens originel de fiasco est fiasque (bouteille) ; que bimbo n’est jamais une ravissante idiote en italien ; et que, finalement, le mot basta existe aussi en français en tant qu’interjection !
Ce serait sans doute difficile pour un dico français de mentionner à chaque entrée, à la manière de ceux italiens, les accrescitivi, diminutivi, peggiorativi. On comprend facilement lettino (de letto), carino (de caro), benino (de bene), fiumicello (de fiume), donnetta (de donna), mais un bon dico italien donnerait par ex. pour ragazza : DIM ragazzetta, ragazzina, ragazzaccia, raggazuola, ACCR ragazzona, ragazzota, PEGG ragazzacia. Bon, c’est demander trop et je le sais, mais vu le poids du bouquin…
Tout compte fait, le Compact+ n’est évidemment pas trop mauvais, mais je reste assez déçu. Bon pour l’école, mais pas trop utile pour lire un roman italien contemporain (forse un giallo), on se demande si un ouvrage un peu plus limité ne serait pas au moins beaucoup plus pratique, et je pense au Robert & Collins Maxi Italien : deux tiers du contenu, mais pour moins d’un kilo, une grammaire succincte (succinta en italien, sans le dernier c !) très sympa, et un aspect graphique moderne. Car ce Larousse, avec son choix de la police Minon Pro Bold Italic pour les titres d’entrées, est vraiment un guastafeste. Quant à la couverture, elle n’est pas du tout professionnelle, comme faite par un lycéen dans PowerPoint.
Tenez, pour voir à quel point ce Larousse gaspille l’espace et se gonfle inutilement, prenons l’entrée pour le mot italien (si, si) « JPEG ». Moi, je pensais qu’on n’a pas besoin de traduire ce mot technique anglais, mais non :
JPEG (abbr di Joint Photographic Experts Group) INFORM ▪ adj inv JPEG ● immagine in formato JPEG ou jpeg : image au format JPEG ou jpeg ▪ nm inv JPEG m inv ● un (file) JPEG : un (fichier) JPEG
Ou prenons la verbosité ridicule de certains termes, parfois pas même commençant par une traduction directe (bien que possible) :
abusivismo nm : l’abusivismo è un flagello per le coste italiene : les constructions abusives sont un fléau sur les côtes italiennes / il Parlamento ha varato una legge contro l’abusivismo : le Parlement a approuvé une loi contre les constructions abusives ● abusivismo (edilizio) constructions fpl abusives
Beaucoup plus simple chez la concurrence :
abusivismo sm (anche: abusivismo edilizio) construction f sans permis
On ajoute le fait que cet ouvrage qui porte la mention de dépôt légal « août 2007 » et imprimé en Italie au mois de mai 2019 porte dans l’encart « La scuola » la mention suivante : « En Italie, la scolarité est obligatoire de 6 à 15 ans. D’ici à 2007, elle deviendra obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans. ». Ubuesque. Grottesco (parce qu’ubuesque n’est pas dans ce dico). Mais c’est comme cela chez Larousse. L’édition 1954 du fameux Dictionnaire des difficultés de la langue française d’Adolphe V. Thomas était toujours publiée en 2014 (nouvelle couverture, nouvelle édition), sans le moindre changement du texte original.
Reccomandation d’achat ? Purtroppo no, non proprio.