La langue d’Elizabeth Harrower est aiguisée, d’une finesse qui vaut autant par son analyse fine et précise de la psychologie de ses personnages que d’une certaine peinture sociale. Les caractères parfois excessifs, toujours incarnés, font de ce roman un plaisir inégalable de lecture.
Laura et Clare, ces deux sœurs dont la mère, en pleine seconde guerre mondiale les quitte pour s’installer en Angleterre, naviguent solitaires dans les eaux tortueuses d’une société australienne où la condition de la femme reste assujettie à celle de l’homme.
Laura épouse Bernard, patron
d’usine aux allures de gentilhomme, bienfaiteur et généreux. Mais derrière ce vernis, un tout autre homme se dessine.
Félix vit seul dans la maison hantée de son orgueil, de ses peurs et de sa volonté de paraitre aux yeux des autres nantis de la société. Personnage odieux auprès des deux femmes qui l’entourent, doté d’une force que seule la richesse offre, celle de soumettre à son hideuse volonté celles qui vivent grâce à son argent. Vociférant, vomissant injures et bassesses, s’enivrant de whisky au point de s’endormir sur le plancher, plein d’une mauvaise foi aussi délirante que dangereuse. Félix devient l’archétype du pervers narcissique que l’on aime tellement détester.
Laura, jeune fille lâchée dans le monde sans autre moyen de subsistance que l’argent de son époux, ne se sent d’autre choix que de suivre cet homme quels que soient ses actes et ses paroles, de l’excuser de ses excès, d’essayer de comprendre ses mauvais penchants. Elle a pitié de lui au point d’en devenir son esclave.
Clare, la plus jeune des sœurs, ne souhaite rien tant que quitter ce foyer qu’elle tient comme une prison. Mais la loyauté envers sa sœur l’en empêche. Elle se gâche, elle s’immole par le désir farfelu dans ces conditions de protéger sa grande sœur. Elle se perd à ne pas se trouver, à ne pas se décider d’autre existence.
Roman jubilatoire tant l’excès des comportements nous emporte dans un tourbillon fuligineux, nauséeux. Dans ce superbe roman où l’ambiance se monte comme un bâtiment architectural, l’excès se fait triomphal, intransigeant.
Roman terrible quant au suspens qui règne, à l’angoisse de l’inéluctable qui nous tient en haleine. Parfois riant, parfois horripilant, souvent abrasif, Deux Sœurs est de ces romans qui vous enveloppent dans un brouillard d’humanités trempées dans l’encre des psychologies abusives.
Deux soeurs
La langue d’Elizabeth Harrower est aiguisée, d’une finesse qui vaut autant par son analyse fine et précise de la psychologie de ses personnages que d’une certaine peinture sociale. Les caractères parfois excessifs, toujours incarnés, font de ce roman un plaisir inégalable de lecture.
Laura et Clare, ces deux sœurs dont la mère, en pleine seconde guerre mondiale les quitte pour s’installer en Angleterre, naviguent solitaires dans les eaux tortueuses d’une société australienne où la condition de la femme reste assujettie à celle de l’homme.
Laura épouse Bernard, patron d’usine aux allures de gentilhomme, bienfaiteur et généreux. Mais derrière ce vernis, un tout autre homme se dessine.
Félix vit seul dans la maison hantée de son orgueil, de ses peurs et de sa volonté de paraitre aux yeux des autres nantis de la société. Personnage odieux auprès des deux femmes qui l’entourent, doté d’une force que seule la richesse offre, celle de soumettre à son hideuse volonté celles qui vivent grâce à son argent. Vociférant, vomissant injures et bassesses, s’enivrant de whisky au point de s’endormir sur le plancher, plein d’une mauvaise foi aussi délirante que dangereuse. Félix devient l’archétype du pervers narcissique que l’on aime tellement détester.
Laura, jeune fille lâchée dans le monde sans autre moyen de subsistance que l’argent de son époux, ne se sent d’autre choix que de suivre cet homme quels que soient ses actes et ses paroles, de l’excuser de ses excès, d’essayer de comprendre ses mauvais penchants. Elle a pitié de lui au point d’en devenir son esclave.
Clare, la plus jeune des sœurs, ne souhaite rien tant que quitter ce foyer qu’elle tient comme une prison. Mais la loyauté envers sa sœur l’en empêche. Elle se gâche, elle s’immole par le désir farfelu dans ces conditions de protéger sa grande sœur. Elle se perd à ne pas se trouver, à ne pas se décider d’autre existence.
Roman jubilatoire tant l’excès des comportements nous emporte dans un tourbillon fuligineux, nauséeux. Dans ce superbe roman où l’ambiance se monte comme un bâtiment architectural, l’excès se fait triomphal, intransigeant.
Roman terrible quant au suspens qui règne, à l’angoisse de l’inéluctable qui nous tient en haleine. Parfois riant, parfois horripilant, souvent abrasif, Deux Sœurs est de ces romans qui vous enveloppent dans un brouillard d’humanités trempées dans l’encre des psychologies abusives.