En cours de chargement...
Entre septembre et novembre 2014, Bettina Rheims, encouragée par Robert Badinter, photographie des femmes incarcérées au sein de quatre établissements pénitentiaires français. Cette série intitulée "Détenues" rassemble plus d'une soixantaine de portraits, reproduits dans cet ouvrage. Ce travail photographique s'inscrit pleinement dans le cadre des recherches que mène Bettina Rheims depuis plus de trente-cinq ans en explorant de multiples angles et territoires, en questionnant les conventions et les a priori pour interroger la construction et la représentation de la féminité.
Après avoir photographié ses modèles, célèbres ou inconnues, dans des lieux fermés, souvent exigus, Bettina Rheims a souhaité aller à la rencontre de femmes contraintes à vivre dans ces lieux de privation de liberté pour essayer de comprendre leur quotidien, de quelle manière elles imaginaient leur féminité loin des leurs, dans des conditions matérielles difficiles. Pour les séances de pose, chaque établissement a mis à disposition une pièce qui est devenue le temps du projet un studio improvisé.
Chacune des modèles avec l'autorisation préalable de l'administration pénitentiaire et celle du juge d'application des peines, s'est présentée au studio. Pour se faire coiffer et maquiller si elle le désirait. Retrouvant ainsi un peu de cette estime de soi, bien souvent égarée dans ces lieux de détention où rien n'est fait pour elles. Le texte «Fragments» est une fiction construite à partir de souvenirs de ces rencontres.
Le récit d'une attention davantage portée sur les émotions suscitées par ces femmes que sur des propos qui auraient été entendus.
Un magnifique travail sur les femmes dans un milieu carcéral peu représenté
Portraits de détenues, on se rend vite compte avec un peu de culpabilité et d'étonnement que ce sont des portraits de femmes, de celles qui auraient pu être nos voisines, nos mères ou nous-même peut-être. En photographiant ces femmes, Bettina Rheims interroge finalement sur la banalité des visages mais aussi sur le peu de représentations de la population carcéral, dont les visages sont toujours floutés lors de reportages. Elle cherche ici à travers cette série de portraits à nous donner, sans concession, une image de ces femmes, des femmes de tous les jours, comme elles sont. Un magnifique travail à la fois photographique et presque sociologique.