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Après les ermites provençaux, les ermites du Valais, les ermites du Tyrol, Catherine Santschi nous entraîne dans sa quête de l'histoire et de la destinée des ermites de l'arc alpin. Ce sont aujourd'hui les ermites de Suisse orientale, de la région de Saint-Gall et d'Appenzell qui font l'objet de ses recherches, des recherches dans la longue durée puisque c'est au début du vile siècle qu'un moine irlandais du nom de Gall se serait établi dans un lieu sauvage d'Alémanie, au bord de la Sitter, avec pour compagnon un ours apprivoisé, chargé des corvées de bois.
La renommée de l'ermite se répand, son refuge donne naissance à une puissante abbaye, gros propriétaire terrien, puis à une ville prospère, commerçante et industrielle, aujourd'hui universitaire. "C'est ainsi, écrit l'auteur sans son introduction, que les ermites transforment le désert qui est leur lieu d'élection et de définition. Ils le font même reculer, et jouent donc leur rôle dans les progrès de la civilisation".
C'est précisément cette évolution du strict isolement face à Dieu, la fuite vers béguinages et communautés, qui constituent le cadre de cette étude : la solitude des reclus fait place à la vie en communauté, la vie spirituelle est soumise peu à peu à la discipline ecclésiastique, la vocation d'ermite s'efface devant la nécessité d'accomplir des tâches d'intérêt général : l'ermite devient sacristain ou gardien de chapelle.
La fin des ermites, qui coïncide avec celle des ours, résulte de l'urbanisation du pays, de sa déchristianisation et de la pénurie d'âmes fortes capables de supporter la solitude de la vie au désert.
