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Le présent ouvrage prend les pays du Rhin et de la Meuse, très propices à l'analyse de l'évolution du discours antihérétique, comme champ d'expérimentation afin de découvrir les mécanismes de l'apparition et de la répression de la dissidence au XIIe et au premier tiers du XIIIe siècle. Il part d'une approche différente des études qui ont été menées sur ce terrain auparavant. Au lieu d'étudier des doctrines hérétiques, il s'agira d'analyser des techniques de réfutation.
Au lieu de tenter de saisir des réseaux d'hérétiques, Uwe Brunn examine des réseaux d'auteurs ecclésiastiques et des réseaux de textes. L'auteur propose donc de mettre au centre de sa recherche les acteurs de la lutte antihérétique, leurs grilles de lecture de la dissidence, leurs tactiques dans le combat, leurs discours et leurs productions littéraires. Son objectif est alors de dresser un tableau plus clair des flux d'informations sur l'hérésie, partant de l'idée d'une forte interaction des textes les uns par rapport aux autres et d'une cohérence dans leur production, qui correspond à des stratégies ecclésiastiques s'inscrivant dans un espace bien déterminé.
Il veut montrer aussi comment se met en place au XIIe siècle une réelle propagande antihérétique, comment elle évolue dans l'espace en prenant des formes plus systématiques, et de quelle manière elle est finalement récupérée par la papauté et mise au service d'une institution nouvelle qui voit le jour dans le deuxième tiers du XIIIe siècle : l'inquisition.
