Ce roman est sans doute agréable à lire mais c'est un régal à écouter car Alain Mabanckou, dont on n'a plus besoin de décrire le charisme (mettez-le dans une pièce et on ne voit et n'entend plus que lui), est un superbe conteur. On rit de l'insulte suprême, utilisation détournée de l'expression "Opium du peuple", on s'émeut de cette mère qui ne parvient pas à avoir un autre enfant et de cet enfant qu'on finit par accuser d'être responsable de ce malheur. Séduire une fille avec Rimbaud ou Pagnol paraît assez improbable dans nos cours de récré mais dans celle de Michel, ça fonctionne
très bien. L'amour des mots est d'ailleurs bien présent dans ce roman, un amour symbolisé par deux mots qui reviennent comme un leitmotiv: saligaud et alter ego. Les références culturelles mais aussi politiques sont nombreuses et ancrent ce roman dans les années 70 et la naïveté de Michel nous permet de nous moquer de l'oncle communiste mais néanmoins opportuniste ou de Valery Giscard d'Estaing au nom si difficile à orthographier, contrairement aux noms africains. Si ce roman n'est pas autobiographique puisque le personnage s'appelle Michel, on peut imaginer qu'il s'en approche fortement; d'ailleurs il est dédié à ses parents, Pauline et Roger dont les prénoms sont aussi ceux des parents de Michel.
Une Allégorie
"Demain j'aurai vingt ans" est un condensé d'insouciance, d'émerveillement et de bonheur que nous procure la découverte de la vie : amour, tendresse, chagrin, manipulation, idéologie politique, croyance ....
Ce roman montre un enfant qui devient adulte, et surtout le récit d'un enfant qui rend aux adultes leur enfance.