"Pendant de longues années, j'ai parlé des autres. Dans mes cours et dans mes livres. Le jour où j'ai renoncé à être romancier ou poète pour devenir critique littéraire, j'ai aussi renoncé à parler de moi. Naturellement, j'ai secrètement espéré que les portraits des écrivains que je présentais refléteraient l'âme du peintre. Mais si discrète était la confession ! Si neutre le style... Comme le clavier d'un piano, la mémoire est faite de blanc et de noir.
Je n'ai pas cherché à reconstituer ces blancs, à les combler par une connaissance historique, c'est-à-dire extérieure. Qu'est-ce qu'être un enfant durant la Seconde Guerre mondiale ? Un adolescent d'autrefois ? L'élève d'un collège de jésuites pendant la guerre ? Qu'étaient le Cameroun ou l'Egypte des années 1960 ? Nous avons voulu, comme Raymond Radiguet, "chasser les mouches du passé". Tant d'êtres, tant de passages...
Je compte ici, à partir de quelques vieux souvenirs, vieux amis, vieux ennemis, rebâtir une sorte de moi." Jean-Yves Tadié.
"Pendant de longues années, j'ai parlé des autres. Dans mes cours et dans mes livres. Le jour où j'ai renoncé à être romancier ou poète pour devenir critique littéraire, j'ai aussi renoncé à parler de moi. Naturellement, j'ai secrètement espéré que les portraits des écrivains que je présentais refléteraient l'âme du peintre. Mais si discrète était la confession ! Si neutre le style... Comme le clavier d'un piano, la mémoire est faite de blanc et de noir.
Je n'ai pas cherché à reconstituer ces blancs, à les combler par une connaissance historique, c'est-à-dire extérieure. Qu'est-ce qu'être un enfant durant la Seconde Guerre mondiale ? Un adolescent d'autrefois ? L'élève d'un collège de jésuites pendant la guerre ? Qu'étaient le Cameroun ou l'Egypte des années 1960 ? Nous avons voulu, comme Raymond Radiguet, "chasser les mouches du passé". Tant d'êtres, tant de passages...
Je compte ici, à partir de quelques vieux souvenirs, vieux amis, vieux ennemis, rebâtir une sorte de moi." Jean-Yves Tadié.