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Comment de simples citoyens en viennent-ils à s'engager dans des débats et des mouvements historiques qui transforment durablement la France ? Cette question devient cruciale au cours de la Révolution française : la période d'incertitudes qui s'ouvre en 1791 avec la multiplication des émeutes locales et la fuite du roi place les mobilisations collectives au coeur des préoccupations. C'est tout particulièrement le cas dans les districts frontaliers des Ardennes, du Nord et du Pas-Calais qui se retrouvent aux premières loges des désertions, puis de la guerre.
Au cours de deux années particulièrement denses où se joue l'avenir de la République, la dynamique révolutionnaire, à l'image d'un tourbillon, est entretenue par des conflits, des prises de position concurrentes, des forces antagonistes. Les engagements collectifs aux frontières septentrionales ont alors des répercussions nationales car ils s'inscrivent dans des échanges intenses d'informations et d'hommes entre les territoires frontaliers, Paris mais également les pays voisins, belges et anglais.
Les chansons, les pétitions, les fêtes ou encore les cris insurrectionnels sont autant de traces d'une histoire à hauteur d'hommes, une histoire vécue de la politique qui interroge la manière dont les citoyens s'approprient les mots d'ordre généraux, les investissent de leurs craintes et de leurs espérances. Ce livre, à partir des territoires frontaliers en Révolution, propose ainsi une réflexion sur les usages de la citoyenneté, la signification des mesures d'exception mises en oeuvre pour faire face aux périls et les répercussions des postures identitaires adoptées face à l'étranger.