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Quels rapports entre les tortures que s'inflige le patient mélancolique, l'enfant "facilement cruel", selon Freud, avec les animaux ou ses petits camarades, et "l'amour impitoyable", pour Winnicott, entre le nourrisson et sa mère ? Quels rapports entre les tourments qu'impose le violeur à sa victime, les meurtres des tueurs en série et des génocidaires du Rwanda ? Quels récits faire de la cruauté - par exemple de la cruauté nazie, comme prétend le faire Jonathan Littell dans Les Bienveillantes - sans la redoubler ? Bien qu'elle traverse l'œuvre de Freud sous des formes variées, la notion de cruauté n'appartient pas au vocabulaire de la psychanalyse ; et pourtant, à l'énigme de la cruauté individuelle ou collective, figure d'un mal radical qui décourage la pensée, des psychanalystes apportent ici un éclairage original.
Violence inutilisable, haine superflue ou indifférence extrême, interne ou exercée à même le corps de l'autre, la cruauté s'avère paradoxale : à la fois l'intime du sexuel et une dynamique pulsionnelle distincte. Seule la pitié, ou la compassion, peuvent y faire barrage - mais une vraie pitié, celle qui aurait fait l'épreuve de la cruauté : la sienne, et celle des autres.