Contribution à une histoire sociale des poisons. Le Ginger Jake

Par : Franck Canorel
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  • Nombre de pages96
  • PrésentationBroché
  • FormatGrand Format
  • Poids0.125 kg
  • Dimensions13,5 cm × 21,5 cm × 0,5 cm
  • ISBN978-2-343-14671-3
  • EAN9782343146713
  • Date de parution27/07/2018
  • CollectionActeurs de la Science
  • ÉditeurL'Harmattan

Résumé

S'il existe déjà une abondante littérature sur la Prohibition aux Etats-Unis, une de ses conséquences les plus funestes, à savoir l'intoxication de dizaines de milliers d'Américains par un élixir frelaté, le Ginger Jake, n'a pas retenu l'attention des historiens. Or, la survenue de cet épisode sur fond de ségrégation raciale fut à l'origine de théories complotistes ("les Noirs empoisonnent les Blancs", allusion à la rébellion conduite par le nègre marron François Mackandal au XVIIIe siècle à Haïti) et de discours très virulents à l'encontre des "ruraux alcooliques et oisifs" de l'Amérique profonde.
Si, de prime abord, on peut supputer que le nombre des victimes suffirait aujourd'hui à qualifier cet épisode de crise sanitaire, une analyse de la gestion politique et scientifique de cet événement dans l'Amérique des années trente tend à mettre en évidence la part prépondérante du politique dans les décisions ayant trait à la santé publique. Bien que tirant sa légitimité de la supposée neutralité d'une discipline scientifique (l'épidémiologie), la santé publique peut d'abord être "une politique de santé".
Dès lors, une crise sanitaire ne peut-elle être reconnue comme telle qu'en cas de crise politique ?
S'il existe déjà une abondante littérature sur la Prohibition aux Etats-Unis, une de ses conséquences les plus funestes, à savoir l'intoxication de dizaines de milliers d'Américains par un élixir frelaté, le Ginger Jake, n'a pas retenu l'attention des historiens. Or, la survenue de cet épisode sur fond de ségrégation raciale fut à l'origine de théories complotistes ("les Noirs empoisonnent les Blancs", allusion à la rébellion conduite par le nègre marron François Mackandal au XVIIIe siècle à Haïti) et de discours très virulents à l'encontre des "ruraux alcooliques et oisifs" de l'Amérique profonde.
Si, de prime abord, on peut supputer que le nombre des victimes suffirait aujourd'hui à qualifier cet épisode de crise sanitaire, une analyse de la gestion politique et scientifique de cet événement dans l'Amérique des années trente tend à mettre en évidence la part prépondérante du politique dans les décisions ayant trait à la santé publique. Bien que tirant sa légitimité de la supposée neutralité d'une discipline scientifique (l'épidémiologie), la santé publique peut d'abord être "une politique de santé".
Dès lors, une crise sanitaire ne peut-elle être reconnue comme telle qu'en cas de crise politique ?