Sébastien Haffner est très loin d’être un historien professionnel puisqu’il est jusriste de formation né dans une famille berlinoise en 1907. Il commença à s’interroger sur la vie politique en 1933 avec l’arrivée au pouvoir des nazis et de leur chef Adolf Hitler. Il va rapidement renoncer à la carrière de juriste et opter pour le journalisme. Tombé amoureux d’une journaliste juive il émigrera avec elle en Grande-Bretagne en 1938. Choix compliqué pour un Allemand à la veille de la seconde guerre mondiale mais qui atteste de sa détermination à combattre un régime honni.
Il devient rapidement journaliste à l’Observer, grand journal britannique, et se spécialise après guerre dans les affaires étrangères. Réclamant le départ des Américains d’Allemagne, il est désavoué par sa rédaction et revient vivre en Allemagne en 1954 où il continue d’écrire avec un anticonformisme toujours marqué à gauche. Grand admirateur de Willy Brandt, il finit par prendre quelques distances avec le journalisme.
Quand paraît “Considérations sur Hitler” Haffner a soixante et onze ans et son approche est iconoclaste et franchement en rupture avec les travaux universitaires de l’époque. Il renonce à l’érudition au profit de la fulgurance du propos. Pour lui Hitler a toujours été égal à lui-même. Sa politique fut tout d’une pièce de 1925 à 1945. L’une des remarques puissantes d’Haffner est qu’Hitler ne remporta jamais de victoire contre un adversaire puissant ou même seulement tenace. Même la Grande-Bretagne de 1940 – presque KO après Dunkerque - parvient à prendre le dessus lors de la bataille d’Angleterre. Toutes les victoires d’Hitler furent remportées contre des adversaires dépourvus de la force ou de la volonté nécessaires à une véritables résistance.
Haffner propose 5 axiomes qui sont autant d’intuitions à propos de la personnalité et de la trajectoire d’Adolf Hitler.
Premier axiome : Hitler est un dogmatique inflexible. Ce qu’il décide est intangible. Une décision est prise une fois pour toutes
Second axiome : Hitler est la volonté agissante au coeur du Troisième Reich. Sans lui le parti Nazi n’aurait jamais existé, la guerre n’aurait pas eu lieu et les juifs n’auraient pas été exterminés.
Troisième axiome : Le succès d’Hitler est dû à la faiblesse des adversaires. L’apparition de Churchill, Roosevelt et Staline siffle la fin de la partie.
Quatrième axiome : les buts de guerres Hitler ne sont qu’au nombre de deux : la conquête de la Russie et la destruction des juifs d’Europe. Pour Hassner une fois que le front russe se retourne contre la Werhmarcht cette dernière – dans les trois dernières années du conflit - n’a plus qu’une fonction : retarder l’avancée des alliés pour permettre aux camps d’extermination de tourner à plein régime.
Cinquième axiome : Si Hitler a occupé une place de taille dans l’Histoire, il n’est pourtant pas un grand homme. Ce n’est ni un batisseur, ni un homme d’état, après lui le déluge… L’Allemagne est totalement détruite.
Evidemment, ces axiomes sont critiquables et c’est sans doute ce qui fait leur intérêt. Mais reconnaissons qu’Hitler n’est en rien le descendant de Frédéric II ou de Bismarck. Napoléon est le fils de la révolution française, Hitler n’est le fils de personne. La haine était son vecteur, haine qui se généralisa au peuple allemand dès 1918 après l’armistice qui entérina la défaite de l’Allemagne. Lui qui déclara en 1941 face à la possibilité de la défaite : “Ici aussi je reste de glace. Si un jour le peuple allemand n’a plus assez de force et d’esprit de discipline pour engager son propre sang pour son existence, qu’il périsse alors et qu’il soit anéanti par une puissance plus forte. Ce n’est pas moi qui verserai des larmes pour le peuple allemand.” Pour Hassner la destruction de d’Allemagne fut le but ultime d’Hitler. L’ouvrage a conservé toute sa charge polémique et il se lit d’une traite. Passionnant de bout en bout.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Sébastien Haffner est très loin d’être un historien professionnel puisqu’il est jusriste de formation né dans une famille berlinoise en 1907. Il commença à s’interroger sur la vie politique en 1933 avec l’arrivée au pouvoir des nazis et de leur chef Adolf Hitler. Il va rapidement renoncer à la carrière de juriste et opter pour le journalisme. Tombé amoureux d’une journaliste juive il émigrera avec elle en Grande-Bretagne en 1938. Choix compliqué pour un Allemand à la veille de la seconde guerre mondiale mais qui atteste de sa détermination à combattre un régime honni. Il devient rapidement journaliste à l’Observer, grand journal britannique, et se spécialise après guerre dans les affaires étrangères. Réclamant le départ des Américains d’Allemagne, il est désavoué par sa rédaction et revient vivre en Allemagne en 1954 où il continue d’écrire avec un anticonformisme toujours marqué à gauche. Grand admirateur de Willy Brandt, il finit par prendre quelques distances avec le journalisme.
Quand paraît “Considérations sur Hitler” Haffner a soixante et onze ans et son approche est iconoclaste et franchement en rupture avec les travaux universitaires de l’époque. Il renonce à l’érudition au profit de la fulgurance du propos. Pour lui Hitler a toujours été égal à lui-même. Sa politique fut tout d’une pièce de 1925 à 1945. L’une des remarques puissantes d’Haffner est qu’Hitler ne remporta jamais de victoire contre un adversaire puissant ou même seulement tenace. Même la Grande-Bretagne de 1940 – presque KO après Dunkerque - parvient à prendre le dessus lors de la bataille d’Angleterre. Toutes les victoires d’Hitler furent remportées contre des adversaires dépourvus de la force ou de la volonté nécessaires à une véritables résistance.
Haffner propose 5 axiomes qui sont autant d’intuitions à propos de la personnalité et de la trajectoire d’Adolf Hitler.
Premier axiome : Hitler est un dogmatique inflexible. Ce qu’il décide est intangible. Une décision est prise une fois pour toutes
Second axiome : Hitler est la volonté agissante au coeur du Troisième Reich. Sans lui le parti Nazi n’aurait jamais existé, la guerre n’aurait pas eu lieu et les juifs n’auraient pas été exterminés.
Troisième axiome : Le succès d’Hitler est dû à la faiblesse des adversaires. L’apparition de Churchill, Roosevelt et Staline siffle la fin de la partie.
Quatrième axiome : les buts de guerres Hitler ne sont qu’au nombre de deux : la conquête de la Russie et la destruction des juifs d’Europe. Pour Hassner une fois que le front russe se retourne contre la Werhmarcht cette dernière – dans les trois dernières années du conflit - n’a plus qu’une fonction : retarder l’avancée des alliés pour permettre aux camps d’extermination de tourner à plein régime.
Cinquième axiome : Si Hitler a occupé une place de taille dans l’Histoire, il n’est pourtant pas un grand homme. Ce n’est ni un batisseur, ni un homme d’état, après lui le déluge… L’Allemagne est totalement détruite.
Evidemment, ces axiomes sont critiquables et c’est sans doute ce qui fait leur intérêt. Mais reconnaissons qu’Hitler n’est en rien le descendant de Frédéric II ou de Bismarck. Napoléon est le fils de la révolution française, Hitler n’est le fils de personne. La haine était son vecteur, haine qui se généralisa au peuple allemand dès 1918 après l’armistice qui entérina la défaite de l’Allemagne. Lui qui déclara en 1941 face à la possibilité de la défaite : “Ici aussi je reste de glace. Si un jour le peuple allemand n’a plus assez de force et d’esprit de discipline pour engager son propre sang pour son existence, qu’il périsse alors et qu’il soit anéanti par une puissance plus forte. Ce n’est pas moi qui verserai des larmes pour le peuple allemand.” Pour Hassner la destruction de d’Allemagne fut le but ultime d’Hitler. L’ouvrage a conservé toute sa charge polémique et il se lit d’une traite. Passionnant de bout en bout.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE)