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Trois nuits successives, deux amants, dont l'un ne connaît pas l'autre, se retrouvent dans un grenier déserté, 1-9 place Saint-Sulpice à Paris. Trois nuits, sans se voir, bariolant leurs corps de caresses, ils font énormément l'amour. Pourquoi ces amants, une femme dont l'identité doit être jusqu'au bout celée, et Jean Curial, restent-ils inconnus l'un à l'autre, ne communiquant que par les gestes sourds-muets de la passion physique ? Parce qu'ils se trouvent dans les locaux d'une société secrète, et qu'ils sont dans la plus complète obscurité.
Pas la moindre lueur ne vient troubler cette "ruée vers l'or" des sens, et la danse des petits pains que danse un homme enfoui par le ventre dans une femme. Je voulais dans ce livre tenir trois gageures : qu'il aille, si possible, aussi vite que le lecteur ; qu'il montre le désir et les corps autrement qu'en chirurgien ou en souteneur ; qu'il dise le profond aujourd'hui de la prose sifflant à tue-tête les images et les métaphores sans lesquelles la prose demeure blanche.
Roman rapide, car on ne peut rester dans la nuit trop longtemps, Ciel éteint se passe dans l'ombre. Et s'il mérite deux fois son titre, c'est qu'une autre ténèbre surgit presque à la fin - ténèbres personnelles à l'auteur et à un lecteur capable de l'aimer. N. M.