Quelle femme de soixante ans, aujourd'hui, peut sans grimacer s'entendre appeler "mamie" ? Pas Chouquette, qui a réglé le problème en recyclant le surnom de ses tendres années, au grand dam de sa fille Adèle, laquelle rêve pour son petit Lucas d'une vraie grand-mère. N'empêche, vraie ou fausse, c'est bien Chouquette qui doit jouer les baby-sitters de luxe auprès de son petit-fils renvoyé de sa colo pour cause de varicelle...
pendant qu'Adèle est partie sauver le monde au fin fond de l'Afrique. Bling-bling tropézien sur fond de crash financier, c'est le décor plein soleil dans lequel Chouquette se retrouve en tête à tête forcé avec Lucas... et la réalité. Trois jours de la vie d'une sexagénaire en perte de repères, pour tirer le portrait au vitriol d'une femme qui se noie, d'une époque qui boit la tasse et d'une génération qui tente coûte que coûte de garder les yeux grands fermés.
Où la satire sociale, légère, féroce et réjouissante vire progressivement à quelque chose de plus grave, de plus profond, de plus amer, de bien plus intime aussi. Et cette fantaisie sur une grand-mère au bord de la crise de nerfs devient alors le roman d'un monde en crise, du déni, de la peur de mourir et, au bout du compte, de l'héritage que nous laissons à nos enfants. A trente-trois ans, Emilie Frèche est l'auteur de quatre romans : Les Vies denses (Ramsay, 2001), Une femme normale (Ramsay, 2002), Le Sourire de l'ange (Ramsay, 2004) et Le Film de Jacky Cukier (Anne Carrière, 2006).
Et de deux documents autour de la mort d'Ilan Halimi : La Mort d'un pote (Panama, 2006) et, en 2009, avec Ruth Halimi, Vingt-quatre jours. La vérité sur la mort d'Ilan Halimi (Seuil).

Avis des lecteurs
Commentaires laissés par nos lecteurs

4.3/5

sur 4 notes dont 2 avis lecteurs

NGM

5/5

“ Un livre qui se dévore ”

Quoi dire de Chouquette? Il est court mais tellement de sujets sont abordés, traités sans qu'on s'en rende vraiment compte. Tout est en filigrane, tout est dit sans jamais l'être, un peu comme dans notre vie. Je pense que c'est pour cela que j'aime autant Émilie Frèche, je regrette de ne pas l'avoir découvert plus tôt. Chouquette est le surnom de Catherine, grand-mère de Lucas, héroïne de ce livre. Comme ça on se dit qu'elle doit être une mamie gâteau mais pas du tout, c'est même le parfait contraire. Elle a suffisamment donné avec sa fille Adèle, elle ne veut qu'une chose, profiter de sa vie de femme. Malheureusement pour notre Catherine, sa vie n'a rien d'enviable puisqu'elle n'a pas de véritables amis, son couple est mort depuis longtemps mais elle reste en plein déni, sans oublier que sa famille ne peut être considérer comme soudée. Elle part avec Diane une de ses amies à St. Tropez pour s'amuser et attendre son mari mais rien ne se passe comme prévu. Elle se retrouve avec Lucas son petit-fils sur les bras car il est atteint de varicelle. Elle n'a pas d'autre choix que de s'en occuper. Les débuts entre ces deux êtres sont chaotiques. Catherine ne sait pas comment s'occuper d'un enfant, elle est devenue trop réfléchit, elle a perdu son humanité. Quant à Lucas, il ne sait pas comment réagir face à cette femme qui n'est que Chouquette et non sa grand-mère car pour lui, elle ne l'aime pas. On va suivre ce duo avec plaisir, assister aux cris de Catherine, à l'incompréhension de Lucas, à son mutisme. Tout deux ouvriront les yeux au fil de leurs relations, rien ne sera simple mais tout sera tellement touchant, en quelques jours ils rattraperont les années perdues. Lucas va gagner une grand-mère et une confiance en lui. Catherine va gagner beaucoup plus, elle retrouvera son petit-fils, elle se rapprochera de sa fille, elle comprendra que son couple est mort depuis longtemps, elle apprendra à se connaître. Elle redeviendra une femme à part entière, une femme pouvant être fière d'elle, une femme pouvant se regarder dans la glace sans baisser les yeux. J'admets mes limites, je ne suis pas apte à analyser l'écriture et le style d'un auteur, ni suffisamment connaisseur pour vous dire tout ce que l'auteur a voulu dire. Je ne peux que retranscrire du mieux possible le plaisir ressenti en espérant vous donner envie de lire ce livre. Je peux vous dire une chose, j'ai pris une fois de plus mon pied en lisant Émilie Frèche. Plus les pages défilaient plus mon cœur se réchauffait face à ces deux êtres meurtris par la vie qu'étaient Catherine et Lucas. Je suis faible face à Émilie Frèche, mes larmes coulent une fois de plus et mon cœur palpite plus intensément grâce à ses livres. Je vous passe le flambeau pour lire ce titre et voir ce que j'ai manqué, profitons de notre passion pour échanger, dialoguer, apprendre à se connaître et grandir.

Taylor

4/5

“ Fondant comme la patisserie. ”

Qui se cache derrière Chouquette ? Il s’agit de Catherine, 64 ans. Attention on est ici bien loin de l’image de Mamie Nova qui prépare gâteaux et crêpes pour le gouter de leurs petits enfants. Non Catherine, elle, veut être libre. Libre de passer tout son temps avec son époux dans des soirées, des diners, des cocktails bref vivre dans l’ombre de celui-ci. Alors garder son petit fils de 5 ans pendant les vacances, merci bien. Seulement la varicelle vient contrarier ses plans et là voilà dans sa villa de Saint Tropez avec son petit fils boutonneux (le pauvre). Au premier abord, on pourrait penser que cette femme ne veut pas vieillir et que, maintenant débarrassée de ses obligations maternelles ne souhaitent pas s’encombrer d’une deuxième « maternité ». La réalité est tout autre : son mari a définitivement tourné la page sur leur amour (si tant est qu’il ait réellement existé) et il doit en plus faire face à la crise (l’action du roman se situe au début de la crise qui secoue le monde entier depuis 3 ans). Elle est toujours restée droite face aux tromperies de son mari, quitte à faire amie amie avec ses maitresses. Lucas, le petit varicelleux, avec ses mots d’enfants, va mettre le doigt sur l’abcès qui ronge Catherine et lui permettre d’affronter la réalité. Derrière ce portrait acariâtre se cache une femme blessée depuis de nombreuses années, qui a tout sacrifié à un homme qui n’en a probablement eu que faire. Elle a préféré sauvegarder les apparences plutôt que se concentrer sur l’essentiel : sa famille. Il n’est jamais trop tard pour ouvrir les yeux et se tourner vers l’avenir avec un regard neuf et ainsi profiter de sa vieillesse le plus sereinement du monde. Allez-vous succomber vous aussi à l’appel d’une chouquette avec des perles de sucre sur le dessus ?