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Nombreux sont les spécialistes de l'islam en Afrique occidentale qui ont entendu le nom de Cheikh Mouhammad Chérif de Kankan, mais rares sont ceux qui connaissent sa trajectoire et sa pensée. Connu également sous le nom de Cheikh Fanta-Madi ou de Grand Chérif (Karammo Sékouba), Cheikh Mouhammad (1874-1955) fut l'un des grands marabouts de l'Afrique de l'Ouest. Impressionnant ses contemporains de toutes origines et de toutes religions par la vigueur de sa foi et de sa piété et par sa tolérance, il rayonna sur les pays de la savane et de la forêt, de la Guinée au Ghana.
Il fut le témoin de la résistance de l'Almami Samori Touré auprès duquel son père servit de conseiller spirituel. La vie de Cheikh Mouhammad fut inséparable de celle de la Guinée pour laquelle il priait sans cesse et de sa ville de Kankan qu'il bénissait. Dans son sillage, on découvre la vie sociale des gens de toutes conditions, hommes et femmes, notables, musiciens, et chauffeurs, handicapés et malades mentaux auxquels il restituait sociabilité et noblesse.
Son nom évoque l'âge d'or de Kankan, avec ses fêtes et ses danses de mamaya mémorables. L'érudition et la plume du Professeur Lansiné Kaba font revivre la place de Kankan dans le système des échanges et de la culture musulmane de l'Afrique de l'Ouest d'avant 1958, ainsi que l'éclat du Grand Chérif dans son rôle prééminent dans l'expansion pacifique de l'islam et l'avance du nationalisme africain.
