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Arame et Bougna, mères de deux fils partis clandestinement pour l'Europe, ne comptaient plus leurs printemps ; chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui tenait la demeure sur les galeries creusées par l'absence. Coumba et Daba, les jeunes épouses, humaient leurs premières roses : assoiffées d'amour, d'avenir et de modernité, elles s'étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix.
La vie n'attend pas les absents : les autours varient, les secrets de famille affleurent, les petites et grandes trahisons alimentent la chronique sociale et déterminent la nature des retrouvailles. Le visage qu'on retrouve n'est pas forcément celui qu'on attendait...
De l'autre côté
On parle peu d’Elles. Elles, qui sont-elles ? Des mères, des épouses qui attendent. Qui attendent ceux qui sont partis tentés leur chance en Europe.
Fatou Diome nous conte un instant des chemins de vie de quatre femmes : Arame, Bougma, Coumba et Daba. Chemins de rêves, de tourmentes, de joies, de tristesses, de colères, de doutes, d’amours, de silences et d’absences. Chemins qui sillonnent et se perdent autant dans les méandres d’une société traditionnelle que dans les rues de ce village sur cette île ballotée par les courants de l’Atlantique.
La langue de Fatou Diome jongle avec les mots avec pudeur et délicatesse. Un régal !
« Comme toutes les femmes de l’île, elles savaient qu’affronter la houle faisait partie de leur sort. Arame et Daba tentaient de dompter les courants à leur manière ».
« Je t’ai amené ici pour te parler des courants de la vie, car la plus complexe des navigations c’est la vie ». (Père d’Ansou à son fils)