En effet, les jeunes années de Célestin Freinet sont celles d'un môme né en 1896 dans les Alpes-Maritimes. A l'école de son village, à Gars, il y a un seul livre de lecture pour tous dans la classe. En 1915, Freinet est mobilisé et doit interrompre ses études d'instituteur. Grièvement blessé en 1917, Freinet insiste, la paix revenue, pour prendre une classe. Mutité de guerre à 70 % - il a été blessé au poumon - il conserve de cette expérience une aversion viscérale envers l'absurdité des ordres aboyés et la discipline imposée. Dans les années 1920, Freinet observe les formes alternatives d'enseignement lors de voyages en Allemagne, en Suisse ou en URSS. Plus qu'une doctrine, cet instituteur qui reste avant tout un praticien cherche une méthode pour susciter la curiosité de ses élèves, pour les mobiliser, pour les motiver. Il introduit, par exemple, la correspondance scolaire et l'imprimerie dans la classe. Et le plaisir de fabriquer un journal amène les enfants apprendre avec enthousiasme tout ce qu'il faut savoir pour rédiger un article : l'orthographe, le style, les règles de grammaire. Mais les conservateurs supportent mal cet éducateur révolutionnaire qui dit vouloir, par ses méthodes, construire " l'école du peuple ". En 1933, menée par Maurras et l'Action française une très violente campagne aboutit au déplacement de Freinet. Le pédagogue ne se résigne pas. Et, en 1934, à Vence, il ouvre une école privée. Celle-ci le restera jusqu'en 1991, date à laquelle elle intègre l'Education nationale. Engagé dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, Freinet prend ses distances avec le parti communiste au début des années 1950. Mais cela n'empêche son mouvement de " l'école moderne " de rayonner internationalement : ces méthodes servent de boussole à de nombreux enseignants qui veulent, comme lui, construire l'école du peuple. Célestin, le pédagogue disparaît en 1966.