Il y a deux mois, Liz a tout perdu. Une rumeur prédisait qu’elle allait recevoir une étoile, pour son restaurant Romy, faisant d’elle l’une des plus jeunes chefs étoilés. En une soirée, son monde s’est écroulé : une intoxication alimentaire et une plainte de sa commise pour harcèlement et violence ont détruit sa réputation. Les rêves d’étoile se sont envolés, son contrat, en tant que jurée dans l’émission Toque Chef a été rompu, la banque ne l’a plus suivie, contrairement aux journalistes avides de scandale. C’est alors qu’une lettre lui est parvenue. Son expéditrice,
Rosa de Fago, a bien connu Romy, la mère de Liz et elle lui propose une rencontre. Liz ne s’en souvient pas, mais jusqu’à ses quatre ans, elle a vécu dans la maison des Demoiselles. Un jour, sa mère est venue la chercher et n’est plus retournée au Pays basque.
Lors de son séjour, Liz rencontre M. Etchegoyen, un dandy chic, le propriétaire du restaurant dans lequel elle a invité Rosa à déjeuner. Il lui propose de transformer l’établissement vétuste en table gastronomique et il est prêt à financer les changements qu’elle souhaite. Elle doit apprendre à composer avec la bougonnerie du chef qui officie et avec qui les premiers échanges ont été houleux. Pendant que les plats crépitent dans les casseroles, le feu jaillit entre les deux chefs. Le mélange de leurs deux personnalités est explosif.
Le récit est entrecoupé par l’histoire de Balthazar. « Un soir de l’été 1951, ma vie a changé à cause d’un zèbre » (p. 11). Il avait vingt ans lorsqu’il a vu Romy pour la première fois. « Une apparition » (p. 39). A cette époque, Les Demoiselles organisaient des belles soirées, remplies de plumes et de champagne. Il ne l’a jamais oubliée, malgré les années.
Les deux narrateurs ont, tous les deux, connu Romy, mais à des moments différents de son existence. Cela fait vingt ans qu’elle est décédée et elle manque à sa fille. Cette dernière fait revivre les souvenirs qu’elles se sont fabriqués et découvre des bribes de sa vie qu’elle ne soupçonnait pas. Cependant, en parcourant le passé de sa mère, c’est elle-même que Liz rencontre. Au pays basque, elle n’est plus la cheffe ou la star de télé, elle est une jeune femme qui relève un défi. Au fil du temps, sa vision se transforme et elle prend enfin le temps : celui d’ouvrir son cœur aux rendez-vous que le destin place sur son chemin. Il s’agit, par exemple, de celui avec une petite fille, un papillon qui ne demande qu’à ouvrir ses ailes, celui avec une femme qui sourit face aux épreuves, etc. Elle apprend à ne plus être dans la performance, mais dans l’humain. Elle voit au-delà d’un sourire ou d’une protestation. Plusieurs personnages tentent d’apprivoiser leurs douleurs.
Comme la bobine d’un vieux film de cinéma que Romy appréciait tant, les images se succèdent. Elles commencent en noir et blanc, sous la pluie, et les étoiles les colorisent. Plus l’émotion nous envahit, plus le récit devient lumineux et en couleurs. C’est tendre et espiègle. Pourtant, les larmes montent aux yeux, le cœur s’étreint, l’injustice fait mal, l’éphémère inquiète. Puis, arrive ce moment où nous remercions l’auteure pour ses choix. Elle réussit à nous attrister et à nous faire rayonner de bonheur, simultanément. Les mêmes lignes provoquent ces deux émotions.
Ce que les étoiles doivent à la nuit est un roman émouvant, rempli de saveurs, d’amitié et de nouveaux départs. J’ai eu grand plaisir à retrouver des personnages du précédent roman de Anne-Gaëlle Huon, Les Demoiselles). Si vous ne l’avez pas lu, vous ne serez pas déstabilisés, car c’est une autre histoire qui est contée. Et elle est belle : douce et remplie d’étoiles. J’ai adoré ce roman.
Un roman émouvant, rempli de saveurs
Il y a deux mois, Liz a tout perdu. Une rumeur prédisait qu’elle allait recevoir une étoile, pour son restaurant Romy, faisant d’elle l’une des plus jeunes chefs étoilés. En une soirée, son monde s’est écroulé : une intoxication alimentaire et une plainte de sa commise pour harcèlement et violence ont détruit sa réputation. Les rêves d’étoile se sont envolés, son contrat, en tant que jurée dans l’émission Toque Chef a été rompu, la banque ne l’a plus suivie, contrairement aux journalistes avides de scandale. C’est alors qu’une lettre lui est parvenue. Son expéditrice, Rosa de Fago, a bien connu Romy, la mère de Liz et elle lui propose une rencontre. Liz ne s’en souvient pas, mais jusqu’à ses quatre ans, elle a vécu dans la maison des Demoiselles. Un jour, sa mère est venue la chercher et n’est plus retournée au Pays basque.
Lors de son séjour, Liz rencontre M. Etchegoyen, un dandy chic, le propriétaire du restaurant dans lequel elle a invité Rosa à déjeuner. Il lui propose de transformer l’établissement vétuste en table gastronomique et il est prêt à financer les changements qu’elle souhaite. Elle doit apprendre à composer avec la bougonnerie du chef qui officie et avec qui les premiers échanges ont été houleux. Pendant que les plats crépitent dans les casseroles, le feu jaillit entre les deux chefs. Le mélange de leurs deux personnalités est explosif.
Le récit est entrecoupé par l’histoire de Balthazar. « Un soir de l’été 1951, ma vie a changé à cause d’un zèbre » (p. 11). Il avait vingt ans lorsqu’il a vu Romy pour la première fois. « Une apparition » (p. 39). A cette époque, Les Demoiselles organisaient des belles soirées, remplies de plumes et de champagne. Il ne l’a jamais oubliée, malgré les années.
Les deux narrateurs ont, tous les deux, connu Romy, mais à des moments différents de son existence. Cela fait vingt ans qu’elle est décédée et elle manque à sa fille. Cette dernière fait revivre les souvenirs qu’elles se sont fabriqués et découvre des bribes de sa vie qu’elle ne soupçonnait pas. Cependant, en parcourant le passé de sa mère, c’est elle-même que Liz rencontre. Au pays basque, elle n’est plus la cheffe ou la star de télé, elle est une jeune femme qui relève un défi. Au fil du temps, sa vision se transforme et elle prend enfin le temps : celui d’ouvrir son cœur aux rendez-vous que le destin place sur son chemin. Il s’agit, par exemple, de celui avec une petite fille, un papillon qui ne demande qu’à ouvrir ses ailes, celui avec une femme qui sourit face aux épreuves, etc. Elle apprend à ne plus être dans la performance, mais dans l’humain. Elle voit au-delà d’un sourire ou d’une protestation. Plusieurs personnages tentent d’apprivoiser leurs douleurs.
Comme la bobine d’un vieux film de cinéma que Romy appréciait tant, les images se succèdent. Elles commencent en noir et blanc, sous la pluie, et les étoiles les colorisent. Plus l’émotion nous envahit, plus le récit devient lumineux et en couleurs. C’est tendre et espiègle. Pourtant, les larmes montent aux yeux, le cœur s’étreint, l’injustice fait mal, l’éphémère inquiète. Puis, arrive ce moment où nous remercions l’auteure pour ses choix. Elle réussit à nous attrister et à nous faire rayonner de bonheur, simultanément. Les mêmes lignes provoquent ces deux émotions.
Ce que les étoiles doivent à la nuit est un roman émouvant, rempli de saveurs, d’amitié et de nouveaux départs. J’ai eu grand plaisir à retrouver des personnages du précédent roman de Anne-Gaëlle Huon, Les Demoiselles). Si vous ne l’avez pas lu, vous ne serez pas déstabilisés, car c’est une autre histoire qui est contée. Et elle est belle : douce et remplie d’étoiles. J’ai adoré ce roman.