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Rares sont les hommes dont le parcours semble aussi ambigu
que celui de l'amiral Canaris. Incontestablement, cet ami
intime de Heydrich a fait de l'Abwehr, les services secrets
militaires de Hitler, une redoutable machine de domination au
service du IIIe Reich. Et pourtant, dès 1938, Canaris réussit à
s'imposer comme la figure tutélaire de la résistance au sein de
la Wehrmacht. Il est vrai que, sans jamais intervenir
directement dans les projets de l'opposition, le chef de
l'Abwehr a toujours eu connaissance de son existence et de ses
objectifs.
C'est pourquoi, de la fin de la Seconde Guerre
mondiale jusqu'à aujourd'hui, journalistes et historiens le
présentèrent comme le chef de file de la résistance allemande
au Führer. Faux, rétorque Eric Kerjean : il est le parfait nazi,
convaincu, déterminé et loyal. La "résistance" de Canaris est
un mythe. Grâce à une relecture complète des archives et à
travers un récit digne d'un roman d'espionnage, l'auteur
démontre que ce maître du double jeu laissa en réalité son
service de renseignements se transformer en haut lieu de la
résistance pour mieux la contrôler.
Génie du contre-
espionnage, il l'intégra comme un espion infiltre un groupe
ennemi : pour le manipuler et l'empêcher d'agir. Contrairement
à la vulgate qui fait de Canaris un traître à Hitler, il fut son
meilleur serviteur et son plus grand protecteur.