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Le tableau de Claude Monet intitulé Camille sur son lit de mort a connu un destin étrange. Aussitôt peint, il fut mis au secret par l'artiste lui même et littéralement "enfoui". Il ne réapparaîtra que quarante ans plus tard, rejoignant alors la pleine visibilité historique, à l'occasion du don fait par Katia Granoff à la galerie du Jeu de Paume - musée du Louvre en 1963. Camille Monet, première femme du peintre, meurt, après une longue agonie, le 5 septembre 1879.
Il n'y a probablement pas de témoin lorsque Monet, dans la chambre funèbre de la maison de Vétheuil, s'apprête à accomplir l'acte terrible. Dans une confidence qu'il fera, bien plus tard à Clemenceau, Monet y fera allusion, mais à mots voilés, en prenant soin de ne pas nommer son modèle. Que signifie cette omission du nom ? Et cette oeuvre, que représente-t-elle dans la trajectoire du peintre ? N'est-ce pas là, dans la béance provoquée par le deuil, que le peintre va conclure - mais souterrainement - son pacte obscur avec l'eau ? Le peintre Jean-Paul Marcheschi revient sur cette "oeuvre de la honte", dans laquelle il voit l'origine de la grande aventure des Nymphéas.