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Tous les matins, avant l'aube, une femme sort d'une maison de cantonnier, parcourt douze kilomètres sur une voie ferrée désaffectée et se couche juste après le tournant trop serré, en attendant le train "qui fera tomber sa tête en bas de la digue, dans le fleuve". Tous les matins, un homme, son nuage d'expiations amères tenu en laisse, parcourt ces mêmes douze kilomètres pour ramener sa femme à la maison.
Sept jours durant, face au regard morne d'Elisa, dans un monologue rythmé, obsessionnel, envoûtant, Augusto dévoile progressivement les fantômes de son passé, laissant apparaitre ses secrets, ses failles, ses culpabilités. Le chant d'une vie consumée, la litanie d'une tragédie familiale aux accents bibliques, l'histoire d'une damnation, une allégorie du dernier siècle de l'Italie, et aussi, peut-être, un manuel de résistance pour devenir braconniers, clandestins de la pensée à l'heure de la banalité.
Braconniers
Glaçante spirale de l'homme qui marche récupérer sa femme au suicide quotidien, glaçante, nerveuse et gênante parfois. Un tourbillon de révélations troubles, de violence marquée, à chaque chapitre un élément supplémentaire qui vient couronner ce que l'on pensait déjà terminé.
Écrit comme une logorrhée faite de répétitions, une scansion de dents de scie, un rythme qui ne te laisse en tant que lecteur, à peine l'espace de respirer, Braconniers prend aux tripes et suspend le temps et l'espace.
Métaphore virtuose de l'engagement, des terreurs enfantines, des douleurs passées qui réveillent de sales demons en soi et en les autres.
Braconniers est un texte d'une force assez inouïe, imprévisible et vibrante.