Boris Vian naît au début des années 20, en même temps que le jazz. Toute sa vie il ne cessera d'écouter, de pratiquer, d'observer cette musique. De l'adolescent qui jouait de la trompette dans l'orchestre formé avec ses frères, Lélio et Alain, à la fin des années 30, au directeur artistique qui produisit Miles Davis en 1957, il avait participé ou veillé à chaque métamorphose, chaque évolution qui secouait alors cet univers. Lorsque Saint-Germain-des-Prés rassemblait existentialistes, "rats de caves" et musiciens, Boris et sa trompette menaient la fête au Tabou, puis au Club Saint-Germain. Lorsque les jazzmen américains accueillis à Paris venaient déchaîner les passions qui opposaient "figues sèches" et "raisins aigres", Boris était parmi eux, parfois leur intime, toujours leur auditeur attentif. Et lorsqu'il dut renoncer à jouer lui-même, l'enthousiasme ou la férocité des chroniques qu'il rédigea des années durant révélèrent une nouvelle forme de critique. Partial, intransigeant, c'est en amoureux plus qu'en analyste qu'il pensait, parlait, écrivait jazz. Rien d'étonnant alors à ce que la plus populaire de ses héroïnes, Chloé, celle de l'Écume des jours, emprunte son nom à un titre de Duke Ellington.
Frank Ténot, proche de Vian pendant toutes ces années, nous restitue le climat de cette période où Saint-Germain était synonyme de non-conformisme, de nuits, de danse, de musique, de jazz...
Les interviews de Claude Abadie, de Claude Luter et d'Henri Renaud, acteurs de ces années jazz, viennent compléter la peinture de cette époque. Et un CD des rares enregistrements de Boris Vian, accompagne ce livre.