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Bordeaux porte encore les marques du premier port colonial français qu'elle fut au XVIIIe siècle, enrichie notamment grâce à ses échanges avec les Antilles. Un observateur attentif peut distinguer des traces de cette mémoire dans la pierre des austères façades. Il a pourtant fallu une longue période avant que la ville accepte de se confronter avec ce passé, et que les chercheurs éclairent tenants et aboutissants d'une richesse née en partie de l'odieuse traite des esclaves.
Si la pierre parle de façon allusive, les archives ont bien plus à nous apprendre qui révèlent les activités, les passions, les fortunes et infortunes de ceux qui furent des acteurs importants de la vie de la cité. Elles permettent notamment de découvrir un aspect ignoré de ce monde bigarré qu'est un port faisant du négoce avec le monde entier : la présence depuis des siècles, et notamment pendant les Lumières, de personnes de couleur, à la fois intégrées et marginalisées, exploitées ou émancipées, débarquées pour un court séjour ou dans le dessein de s'y installer.
C'est ce monde invisible que Julie DUPRAT, diplômée de l'Ecole des Chartes, a choisi d'explorer afin d'en restituer les parcours, faisant revivre une population d'Afrodescendants - esclaves, affranchis ou libres de couleur - qu'on découvre dans la marine, l'artisanat, le commerce ou au service des gens aisés, et qui parviennent, parfois, à devenir maîtres de leur destin. Elle donne enfin un nom à tous ces anonymes oubliés de l'Histoire.