1901, dans un village français, la mort de Jean est reçue avec soulagement. Son fils, lui, est accueilli par un silence glacial. Les Carson ont la peau bleue de père en fils et ils ont toujours été la cible de moqueries et de rejet. Bleu raconte l’histoire de cette famille.
En étant petit, Charles a noué une amitié forte avec Frida, une orpheline. Lorsqu’elle accompagnait Sœur Marthe, dans ses visites de charité, elle jouait avec le petit garçon. Elle ne voyait que son cœur, pas sa peau. Rose et Guillaume, qui tenaient le café dans lequel tous les habitants se retrouvaient,
se sont, eux aussi, attachés à elle et l’ont l’adoptée. « Les pires tragédies naissent souvent d’une bonne intention. » En grandissant les sentiments d’amitié entre, Charles et Frida, se sont transformés en un amour véritable. Cela n’a pas plu à Maurice Duriez, également épris de la belle. Il est le fils de César, maire du village et propriétaire de la brasserie, une entreprise prospère. Son frère et lui ont alors attisé les ragots et les méchancetés au sujet du couple. Les habitants du village ont déserté le commerce de Rose et Guillaume. Ils refusaient d’être servis par Frida, au nom de sa relation avec un homme bleu. L’intolérance a gagné.
Malgré le climat de haine qui les entourait, les amoureux ont décidé de se marier. Cette journée qui devait être une des plus belles de leur vie a été celle des prémices du drame, qui est annoncé dans le premier chapitre. Après avoir indiqué certains éléments de la conclusion de cet amour, Laurent Cappe déroule la chronologie des évènements et montre l’enchaînement qui a conduit au malheur. Plusieurs fois, la tragédie aurait pu être évitée si le choix avait été autre. Les signes étaient là et un personnage manœuvrait dans l’ombre. Cependant, sans le racisme, la peur de la différence et l’intolérance des villageois, il n’aurait pas réussi. De plus, certaines personnes auraient pu contrer ses machinations. L’un n’a pas eu la force de caractère, l’une était conditionnée et pensait que les hommes avaient tous les droits sur les femmes (les faits se déroulent au début du XXe siècle). L’un n’a pas saisi la puissance donnée par l’amour, un autre a agi égoïstement. Même le hasard s’en est mêlé et a eu un rôle funeste.
J’ai souhaité éloigner ma lecture de Bleu de celle du roman Le Vallon des Lucioles, que j’ai adoré, car tous deux traitent d’une thématique similaire. Il s’agit de celle du mystère médical autour de la pigmentation bleue de la peau de certaines personnes. Les deux auteurs ont choisi un angle différent. Bien que dans les deux histoires, l’intolérance est à l’origine des drames, le chemin n’a pas été le même. Dans Bleu, comme des éclats projetés à la suite d’une explosion, plusieurs familles ont été détruites. Écrit comme une saga familiale, plusieurs voix annoncent l’issue, simples témoins ou acteurs des faits. Le corps de l’intrigue est psychologique : un fil est déroulé, montrant que la manipulation psychologique a été jalonnée d’étapes, préparant l’ultime souffrance. Certaines personnes vivent avec le poids des remords et tentent de réparer ce qui peut l’être.
Un drame psychologique
1901, dans un village français, la mort de Jean est reçue avec soulagement. Son fils, lui, est accueilli par un silence glacial. Les Carson ont la peau bleue de père en fils et ils ont toujours été la cible de moqueries et de rejet. Bleu raconte l’histoire de cette famille.
En étant petit, Charles a noué une amitié forte avec Frida, une orpheline. Lorsqu’elle accompagnait Sœur Marthe, dans ses visites de charité, elle jouait avec le petit garçon. Elle ne voyait que son cœur, pas sa peau. Rose et Guillaume, qui tenaient le café dans lequel tous les habitants se retrouvaient, se sont, eux aussi, attachés à elle et l’ont l’adoptée. « Les pires tragédies naissent souvent d’une bonne intention. » En grandissant les sentiments d’amitié entre, Charles et Frida, se sont transformés en un amour véritable. Cela n’a pas plu à Maurice Duriez, également épris de la belle. Il est le fils de César, maire du village et propriétaire de la brasserie, une entreprise prospère. Son frère et lui ont alors attisé les ragots et les méchancetés au sujet du couple. Les habitants du village ont déserté le commerce de Rose et Guillaume. Ils refusaient d’être servis par Frida, au nom de sa relation avec un homme bleu. L’intolérance a gagné.
Malgré le climat de haine qui les entourait, les amoureux ont décidé de se marier. Cette journée qui devait être une des plus belles de leur vie a été celle des prémices du drame, qui est annoncé dans le premier chapitre. Après avoir indiqué certains éléments de la conclusion de cet amour, Laurent Cappe déroule la chronologie des évènements et montre l’enchaînement qui a conduit au malheur. Plusieurs fois, la tragédie aurait pu être évitée si le choix avait été autre. Les signes étaient là et un personnage manœuvrait dans l’ombre. Cependant, sans le racisme, la peur de la différence et l’intolérance des villageois, il n’aurait pas réussi. De plus, certaines personnes auraient pu contrer ses machinations. L’un n’a pas eu la force de caractère, l’une était conditionnée et pensait que les hommes avaient tous les droits sur les femmes (les faits se déroulent au début du XXe siècle). L’un n’a pas saisi la puissance donnée par l’amour, un autre a agi égoïstement. Même le hasard s’en est mêlé et a eu un rôle funeste.
J’ai souhaité éloigner ma lecture de Bleu de celle du roman Le Vallon des Lucioles, que j’ai adoré, car tous deux traitent d’une thématique similaire. Il s’agit de celle du mystère médical autour de la pigmentation bleue de la peau de certaines personnes. Les deux auteurs ont choisi un angle différent. Bien que dans les deux histoires, l’intolérance est à l’origine des drames, le chemin n’a pas été le même. Dans Bleu, comme des éclats projetés à la suite d’une explosion, plusieurs familles ont été détruites. Écrit comme une saga familiale, plusieurs voix annoncent l’issue, simples témoins ou acteurs des faits. Le corps de l’intrigue est psychologique : un fil est déroulé, montrant que la manipulation psychologique a été jalonnée d’étapes, préparant l’ultime souffrance. Certaines personnes vivent avec le poids des remords et tentent de réparer ce qui peut l’être.